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On nous a si souvent traités de « poètes », nous, les défenseurs de la nature, avec une condescendance qui rejetait pêle-mêle « les papillons », « les petites fleurs » et « les petits oiseaux », raillant notre sensiblerie et notre mièvrerie supposées, qu’on ne s’étonnera pas de nous voir chercher une fois de plus nos auteurs parmi les chanteurs du monde. Du temps que le monde était monde – mundus, propre – et non pas immonde (souillé) ; enchanteur et enchanté.
Que ce mot de « poète » soit lancé comme une marque de dédain ; qu’on ne prête pas davantage attention à l’exultation lyrique du chanteur dans et de la nature (de l’amour et de la liberté) ; qu’on ne prenne pas plus au sérieux cette exultation naturelle ; suffit d’ailleurs à juger ces réalistes de l’immonde, tel qu’ils ont transformé le monde. Cette engeance de scatophages, qui, ayant putréfié l’air et la terre, les eaux et forêts, se repaît en ricanant de ses propres ordures.
Nous parlons de la société industrielle et de ses collaborateurs, quels que soient leurs rangs et leurs couleurs politiques. Restez chez vous, comme vous nous l’intimiez au beau temps du virus et du confinement à domicile. Ne venez pas saloper le Vercors, les Calanques et Brocéliande de votre infection pléthorique, électrique et motorisée. Touriste, dégage !

Ronsard ? Un tree hugger (embrasseur d’arbres) comme se gaussent les rudes mineurs et bûcherons américains. Un de ces écolos larmoyants qui enlacent les arbres pour empêcher qu’on les abatte (quand ils n’y enfoncent pas des clous pour briser les scies des tueurs), et qui supplie pour sa forêt de Gastine :

Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?

Quant à William Blake, l’imprécateur des « moulins sataniques » - les usines fumantes de charbon – pire encore que Ronsard, il défend le surnaturel. Un autre monde est certain au-delà des brouillards industriels, une Jérusalem resplendissante, qu’il voit, comme Rimbaud voit au ciel « des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie ».

Enfin nous trouvons les voyants et visionnaires plus lucides que les réalistes, apologistes de la terre brûlée, de l’Amazone écorchée et de la fournaise estivale. C’est que la fin du monde arrive de plus en plus avant la fin du mois.

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