François Graner, biophysicien, s’intéresse à la biologie de synthèse. Nous en étions restés à ses études sur les méga bulles de savon. Nos enquêtes sur l’origine du Covid et les gains de fonction raniment nos discussions sur « science et conscience ». Nous lui suggérons de travailler sa « dissonance cognitive » avec un papier nourri de son expérience et de témoignages recueillis dans les labos.

Voici douze ans de cela, en avril 2013, nous avions perturbé, avec quelques Chimpanzés du futur, le « Forum sur la biologie de synthèse » au Conservatoire national des Arts et métiers de Paris. Notre tract résumait nos enquêtes publiées depuis plusieurs mois : « C’est au socle de l’équilibre biologique sur Terre, à ce bien commun du vivant, que s’attaquent les chercheurs pour en tirer profit et puissance ».

Bien sûr, nos alertes n’ont pas freiné la recherche et la biologie synthétique a comme de juste progressé. Songez aux prouesses des « gains de fonction » sur les virus, auxquelles le succès planétaire du SARS-CoV2 a donné une large visibilité. La compétition internationale stimule également la création de cellules artificielles – en France avec le projet « Frontiers of Life » du CNRS à Bordeaux par exemple. Ces temps-ci, les bactéries-miroirs font la une, au motif qu’elles pourraient « éliminer la vie sur Terre [1] ». Pas d’affolement, l’Institut Pasteur organise les 12 et 13 juin 2025 un « symposium international sur la "biologie miroir" (…) pour une discussion inclusive afin de développer une gouvernance appropriée ».

Non, rien n’a changé depuis avril 2013. Voici ce que les organisateurs débordés nous avaient laissé dire au micro et au pseudo forum du CNAM :

« Vous, chercheurs, qui prétendez délibérer sur la biologie de synthèse, vous devez vos carrières, vos revenus, votre position sociale à la recherche. Vous êtes juges et parties ; vous êtes en conflit d’intérêt ; vous devriez être les derniers à vous exprimer sur le sujet. Votre participation à ce débat est illégitime. Autant consulter les marchands d’armes sur l’opportunité de déclarer la guerre. Nous, chimpanzés du futur, nous ne défendons aucun avantage ni privilège. Nous défendons juste la possibilité de choisir ce qui va nous arriver. »

Non, rien n’a changé en 2025. Les chercheurs font ce qui leur plaît, ou ce qui plaît à leurs financeurs, sans se soucier de leurs contributions à une guerre au vivant plus efficace que jamais. Mais lisez plutôt.

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Lire aussi :

[1Cf. « L’inquiétant spectre des bactéries miroirs », Le Monde, 19/03/25