Disponible en librairie : Alertez les bébés ! (Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine). Voir ici

Épisodiquement, tous les deux ou trois ans, nous recevons une lettre de Jacques, un ami « néo-rural » qui vit caché avec sa compagne, ses chevaux et ses poules, dans un repli de colline au bord de l’eau qu’on ne vous dira pas. Il n’est pas venu là pour être envahi de touristes alternatifs. On s’est connu par son cheval, un fort et splendide cheval blanc qui nous avait accompagnés, nous et une cinquantaine d’autres, lors de l’occupation du centre de traçabilité de Valence, en novembre 2009 (ici). Mais c’est surtout sa compagne qui s’occupe de la traction animale ; lui, c’est plutôt les poules.

« Néo-rural »… oui, depuis cinq décennies. Beaucoup moins « néo » que les universitaires qui viennent de découvrir « le retour à la terre » et l’autosubsistance dont parlait Pierre Fournier en 1972 (éditorial du n°1 de La Gueule Ouverte), et Charles Fourier en 1822 (Traité de l’association domestique et agricole) ; quand il était peut-être encore temps d’en parler. Mais on reste un « néo » tant qu’on n’a pas des générations d’anciens au cimetière et cela n’a rien d’injuste. Être paysan, c’est connaître son pays. Les « vieux du village », les archéo-ruraux, n’ont plus que cette fierté ; des morts au cimetière, ceux qui ont vécu le village un siècle ou plus. On ne parle pas des cumulards qui ayant racheté les terres des morts avec l’argent du Crédit agricole – un ou deux par village – ont muté en ravageurs agro-industriels.

Jacques devrait bien faire un livre, mais ça tombe mal, il n’est pas chercheur au CNRS, ni diplômé de philosophie. Juste un prolo soixante-huitard, ayant lu Giono et Lanza del Vasto, ces ouvreurs d’horizons qui ont envoyé beaucoup de prolos soixante-huitards à la campagne. Nous on a de la chance, il nous écrit parfois, et même par la Poste, sur du papier. Il nous a même invités une fois à une causerie avec ses voisins, dans son canton. Il faut dire que l’invraisemblable connexion Internet qu’il a bidouillée ne fonctionne pas toujours – pas souvent. Mais on le soupçonne d’être un peu « réactionnaire » - on sait de source sûre qu’il est aussi antinucléaire que nous – même par 40° dans la cuvette grenobloise. C’est vous dire.

Comme il fait vraiment trop chaud pour travailler et qu’il a du temps à l’ombre, il répond cette fois aux « Lettres du professeur Bonobo » (ici) et aux Enfants de la Machine (). C’est-à-dire aux textes que nous avons consacrés, nos amis et nous, à l’eugénisme transhumaniste et à la reproduction artificielle de l’humain. Ça l’a fait rêver, Jacques. On vous dit, il a le temps, il est à l’ombre. Ces textes lui ont fait penser « de son temps », à la naissance de ses filles, comment ça se passait déjà ?... Comment ça se passait du temps que les humains naissaient au lieu d’être fabriqués en labo… Pfff, c’est loin tout ça. On était jeunes avec Cécile… Alors, il nous a écrit ce petit récit, « pour vous amuser », dit-il. Et nous, on le publie comme un document. Comme des anthropologues revenant d’un « terrain » chez une peuplade en voie d’extinction (de « modernisation »). Juste pour mémoire, pour référence ultérieure. Pour les « générations futures ». Vous verrez, les chercheurs et les universitaires alter-écologistes finiront par se pencher sur la perte et la réappropriation de ce « savoir-faire » : les bébés faits maison, suivant des méthodes ancestrales, conviviales et vernaculaires ayant fait leurs preuves depuis l’émergence des hominidés. Avant que la fécondation en labo, l’amélioration génétique et la gestation en utérus artificiel ne deviennent la norme, au même titre que l’usage du smartphone. Ça va vite, vous savez. Déjà une naissance sur 25 par an résulte de l’industrie « procréatique ». Et la proportion, l’offre et la demande, augmentent sans cesse. Vous souvenez-vous de quand il n’y avait qu’un Français sur 25 à posséder un « téléphone portable » ?

(Pour lire la lettre de Jacques, ouvrir le PDF ci-dessus.)

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