IBM, Thales, Clinatec : un filet global de capteurs électroniques, des outils informatiques pour traiter des myriades de données, un laboratoire pour « nous mettre des nanos dans la tête ».

Nous entrons dans la société de contrainte. Au-delà de ce que la loi, les normes sociales et la force brute ont toujours imposé ou interdit aux sans-pouvoir, des innovations issues de l’informatique et des statistiques, des nano et neurotechnologies, des super-calculateurs et de l’imagerie médicale, permettent bientôt la possession et le pilotage de l’homme-machine dans le monde-machine. La gestion de flux et stocks d’objets au lieu de la perpétuelle répression des sujets : macro-pilotage d’ensemble et micro-pilotage individuel. Voilà ce que montre ce livre à travers des cas concrets et leurs effets voulus autant qu’inéluctables. De ces exemples d’un mouvement général, il ressort : que la possession est l’état de ceux que gouverne une puissance étrangère (neuroélectronique), qui les prive de leur libre-arbitre et en fait l’instrument de sa volonté ; que la guerre est une violence destinée à contraindre autrui à faire nos volontés ; que la technologie est la continuation de la guerre, c’est-à-dire de la politique, par d’autres moyens ; que l’innovation accélère sans fin le progrès de la tyrannie technologique. Que nul ne peut s’opposer à l’ordre établi ni au cours des choses, sans d’abord s’opposer à l’accélération technologique.

L’industrie de la contrainte,
par Frédéric Gaillard & Pièces et main d’oeuvre
(Editions L’Echappée, octobre 2011
126 p., 9 €)

Ceux qui écrivent à l’enseigne de Pièces et main d’œuvre considèrent la technologie comme le fait majeur du capitalisme contemporain, de l’économie planétaire unifiée. Ils ont publié à l’Echappée A la recherche du nouvel ennemi. 2001-2025 : rudiments d’histoire contemporaine ; Aujourd’hui le nanomonde. Nanotechnologies : un projet de société totalitaire ; Terreur et possession. Enquête sur la police des populations à l’ère technologique.

Frédéric Gaillard est un semi-urbain trentenaire qui peine à trier ses déchets.