Il est peu de sentiments aussi lugubres, humiliants et déconcertants que de tirer sans fin une chasse d’eau, sans pouvoir se débarrasser d’un étron tenace et narquois. On éprouve ce sentiment avec chaque photo ou déclaration d’Alain Carignon dans Le Daubé.
Voici un repris de justice, résidant entre Paris et Marrakech, la ville des sybarites et touristes sexuels, sans moyen d’existence connu, qui arrive encore à diriger localement le parti majoritaire et à troubler la vie politique grenobloise sans qu’aucun journaliste ne lui demande d’où viennent ses revenus, ni où il demeure exactement.
A défaut, Le Postillon, petit journal local, publie dans son numéro 9 de mars 2011 le CV détaillé d’Alain Carignon. S’il n’a guère travaillé, le seul ministre de la Ve République emprisonné pour corruption a des connexions, parmi lesquelles Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. On voit qu’il n’y a pas besoin de beaucoup d’imagination pour lui prêter un rôle dans la promotion de Grenoble au rang de laboratoire sécuritaire national, ni dans les cinq visites d’Hortefeux à Grenoble en moins d’un an. Est-ce lui aussi qui fait courir le bruit d’une candidature d’Hortefeux aux prochaines élections municipales de 2014, à Grenoble ? Bah, où serait le problème.

Comme l’a dit le maréchal de Pétain, chaleureusement accueilli par les Grenoblois le 19 mars 1941, "La tâche est rude. Je m’en aperçois chaque jour. Mon oeuvre et celle de mon gouvernement ne sont pas toujours exemptes de critique. On se plaint des tracasseries de certaines administrations et du peu de courtoisie des fonctionnaires. Le gouvernement doit en cela prendre sa part de responsabilité, car les préfectures et les mairies sont submergées sous une foule de prescriptions et de décrets dont l’application, toujours urgente, ne laisse aucun répit aux fonctionnaires chargés de les interpréter. (...)
Je vous demande d’être patients. Grenoble ne s’est pas construite en un jour. Le redressement de la France demandera d’autant plus de temps que nous sommes en opposition d’idées avec un certain nombre de Français qui n’ont pas encore compris la nécessité d’un ordre nouveau et restent attachés à l’espoir d’un retour à la vie facile."
(voir Le Postillon n°7 et Le Petit Dauphinois du 25 août 1942).

On ne saurait mieux dire.

Le Postillon est notoirement en vente aux Bas-Côtés, 59 rue Nicolas Chorier à Grenoble et dans une quarantaine de tabacs-presse de la cuvette.