Erwin Chargaff a joué un rôle capital dans les découvertes relatives à l’ADN. Quand il a vu l’usage qu’on s’apprêtait à en faire, il a jeté ses recherches aux orties. Cette attitude rare lui a valu la calomnie ou le silence.
Quelque cinquante ans plus tard, c’est cet homme que le magazine d’Aventis, la firme qui engrange les bénéfices des applications du génie génétique, a trouvé judicieux d’interviewer. Elle pense ainsi se parer des atours du questionnement philosophique, voire de la conscience critique. L’émetteur a un faux nez, le récepteur a des bouchons de cire dans les oreilles, le brouillage de la communication est complet.
Mais nous, nous choisissons d’arracher les propos de Chargaff à la glu de la fausse conscience et de les jeter à la figure des amateurs de numérique et de biotechnologies, de posters et de récompenses, leur restituant ainsi leur force réelle.
Voici donc le texte de l’interview, paru en mars 2001 dans Future, le magazine d’Aventis.