En termes de puissance, selon les stratèges, l’industrie depuis plus d’un siècle, et la technologie depuis la deuxième guerre mondiale, ont supplanté l’espace et la population. Dieu est avec les bataillons high tech. En termes d’économie, selon les analystes, on voit croître une population superflue, insolvable en tant que marché, obsolète en tant que main-d’oeuvre, ruineuse en tant que charge, sur une Terre en réduction aux fruits en raréfaction. Dès lors il est prévisible que nombre de populations parmi les plus spoliées et les plus atteintes par les ravages du milieu, vont mourir dans les 20 prochaines années de "catastrophes naturelles et technologiques".

Et en France ? En France, mon dieu, le dernier recensement vient de nous apprendre que nous étions 65 millions de Français, et le seul pays d’Europe avec l’Irlande à avoir une natalité positive. Une excellente nouvelle pour le dynamisme de notre économie et le financement - virtuel - de nos retraites (hum) ; car on ne voit guère sans cela, à quoi bon croître et se multiplier. On est soulagés, voyez-vous, car les nouvelles de la démographie sont plus que volatiles. Les uns nous annoncent l’effondrement de la fertilité et la fin de l’humanité dues aux multiples perturbateurs endocriniens lâchés dans la nature par l’industrie chimique. Les autres (les mêmes ?) nous rassurent ; grâce aux multiples méthodes de PMA (procréation médicale assistée), à leur industrialisation prochaine par clonage et ectogénèse, la reproduction de nos élites (et des quelques larbins encore utiles) n’est pas près de s’interrompre.

De quoi relire d’un oeil neuf l’Essai sur le principe de population de Malthus (1798), ainsi que le fait José Ardillo dans un article du numéro 25 de la revue Réfractions paru à l’automne 2010.

"Nous devons reprendre le problème où l’ont laissé Godwin et Malthus, ou mieux encore, où le laissèrent les anarchistes néo-malthusiens des années trente du siècle passé. Cela veut dire que la projection d’une société future émancipée ne peut certainement pas esquiver la question des limites matérielles, sans quoi toute utopie resterait liée à la superstition progressiste."

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