Ce fut, parait-il, la plus grande grève de l’Ancien Régime.

Jusqu’à 15 000 émeutiers dans les rues de Lyon durant une semaine en août 1744.

Ces ouvriers, essentiellement du textile, luddites avant les luddites, se soulevaient non pas contre l’introduction d’une machine, mais contre celle d’un règlement qui, entre autres griefs, contraignait l’artisanat à se plier aux procédures de l’industrie naissante.

L’auteur de ce règlement, Vaucanson, était ce "mécanicien de génie" né à Grenoble, et aujourd’hui encore figure tutélaire des chercheurs-ingénieurs grenoblois qui, dans les laboratoires de robotique de l’INPG et du CNRS, inscrivent leurs travaux sur la "modélisation du vivant" dans la lignée des siens. Celui auquel la Maison des Sciences de l’Homme-Alpes, le Musée Dauphinois et le Conservatoire national des Arts et Métiers rendent hommage en 2009, pour le tricentenaire de sa naissance, sur le thème "Vaucanson notre contemporain".

C’est que Vaucanson est le prototype de l’ingénieur, célébrissime de son vivant pour ses automates – aussi bien ceux qu’il a réalisés, le flûtiste, le canard, le joueur de tambour, que celui qu’il n’a pu mener à bien : l’homme-machine, promis à une riche postérité, des robots à l’homme bionique.

Par une coïncidence qui n’est pas fortuite, ce même Vaucanson, un demi-siècle avant Jacquard, invente le métier à tisser automatique, la liaison recherche-industrie et le statut de l’expert. Il est bien l’un des initiateurs de la société industrielle, dont deux siècles et demi de progrès sans merci nous amènent aujourd’hui au nanomonde totalitaire.

Ce texte d’Olivier Serre consacré à Vaucanson fournit une nouvelle démonstration de l’impossible neutralité de la technologie dans les affaires humaines.

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