L’année 1750 est l’un de ces millésimes anodins où rien ne se passe en apparence, où tout bascule en profondeur. De cette année choisie un peu arbitrairement - il en fallait bien une - les historiens ont coutume de dater les débuts de la révolution industrielle et du machinisme à vapeur, tandis que les démographes y voient les premiers ralentissements de la natalité dans les campagnes françaises. Les paysans, comme disent les curés, ayant appris "à frauder la nature".
Ces développements ne passent pas inaperçus de ceux que par anachronisme on pourrait nommer les "intellectuels" de l’époque. En octobre 1749, l’académie de Dijon met au concours la question suivante : "Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs". Concours remporté l’année suivante par Jean-Jacques Rousseau avec son "Discours sur les sciences et les arts", inaugural de ce que l’on a nommé le "rousseauisme", bientôt suivi et couronné par cette même académie de Dijon, du "Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes".

Désireux d’encourager la pratique de la réflexion et de l’écriture, notoirement délaissée et ruinée dans les écoles, les partis et les associations, à l’ère de l’informatique et de l’"audio-visuel", Pièces et Main d’Œuvre, site de bricolage pour la construction d’un esprit critique à Grenoble, et les éditions L’Echappée, soumettent au public cette question d’un paysan du Tarn, irréductible ennemi de la société industrielle et du machinisme totalitaire : "Pourquoi perdons-nous depuis trente ans ?"

Ce "nous" renvoyant évidemment à tous ceux qui ne veulent ni régresser dans l’animalité ni sombrer dans l’automatisation de l’espèce humaine, et plus précisément à tous ces partisans de l’émancipation qui, jusqu’à l’automne 1977, et en tout cas avant les années 80 néo-réac’, ont cru, un moment au moins, à la possibilité d’un heureux bouleversement social, ainsi qu’aux plus jeunes qui ont dû depuis surmonter la douleur et l’incompréhension de cet échec.

Comme il est clair qu’en France au moins, les mouvements contestataires n’ont pas fait l’objet d’une répression de masse, ni sanglante, ni carcérale ; que leurs protagonistes n’ont dans l’ensemble subi ni bannissement, ni déportation, à la différence d’autres temps et d’autres lieux (Guerre d’Algérie, Occupation, Italie, Chili, etc) ; que leur situation générale, y compris le chômage, ne fut pas pire que celle de l’entre-deux guerres ; on s’abstiendra de toute explication facile par des facteurs externes au mouvement contestataire, pour se concentrer sur l’analyse interne. Que manque-t-il à cette contestation, du point de vue moral, intellectuel, théorique, pratique, et autres, pour faillir si piteusement et continûment ?

Les réponses sont à envoyer d’ici septembre 2009, par texte imprimé et/ou par courrier électronique à Pièces et Main d’Œuvre et/ou aux éditions L’Echappée qui, 260 ans après l’académie de Dijon, publieront conjointement le ou les meilleurs envois. A moins bien entendu, que les propositions reçues ne soient par trop indigentes d’expression et de réflexion. Anonymes et pseudonymes acceptés. L’envoi implique l’accord pour publication. Les textes imprimés ne seront pas retournés en cas de refus.

Pièces et Main d’Œuvre et L’Echappée remercient par avance les journaux, revues, radios et sites d’information, ainsi que les particuliers qui voudront bien se faire l’écho de cet avis de concours.

Grenoble, Paris,
Le 1er janvier 2009

Merci de faire circuler.

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