Toujours en librairie : Le Règne machinal (la crise sanitaire et au-delà). Voir ici

Début janvier 2023, nous recevons une lettre d’un apprenti maraîcher. - Enfin ! Pas si vite ! Avant de donner son premier coup de bêche, il lui faut d’abord suivre la formation obligatoire imposée par la chambre d’agriculture ; pour suivre cette formation, il lui faut d’abord utiliser son Compte Personnel de Formation ; pour utiliser son Compte Personnel de Formation, il lui faut d’abord créer une Identité Numérique ; pour créer cette Identité Numérique, il lui faut d’abord acheter un smartphone… ce n’est pas la fin des contretemps et des démarches préalables, mais on vous laisse les découvrir au fur et à mesure comme l’ami qui nous adresse ce courrier.
On se dit quant à nous, que si les paysans d’antan avaient dû se plier à de telles procédures, les famines auraient été pires que celles qu’on nous rapporte. Que si les écoles d’ingénieurs et d’agronomie se vident subitement de leurs élèves saisis d’un vaste mouvement d’autoproduction de leur nourriture, leur expérience première de digital natives leur sera bien nécessaire pour revenir à la terre.

On pourrait en rester là et conclure que l’e-administration, l’administration électronique des administrés numérisés, aggrave simplement l’odieuse et traditionnelle absurdité de la bureaucratie. Celle-ci était autoritaire, mais son emprise laissait des failles. L’organisation informatique de la société (technopolice, cyberpolice), transforme cette emprise en dictature numérique et cette dictature numérique en machinerie totale. La Machine sait tout, décide de tout. Il faut lui parler dans son langage et attendre – espérer – qu’elle veuille bien répondre à la question, à la demande, à la supplique, qu’on lui adresse. Chacun le voit bien dans sa vie et son activité quotidiennes. Notre ami, lui, voudrait juste planter des fleurs.

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