Voici deux textes d’un inconnu que nous avons reçus d’un autre inconnu. Nous savons par le second, que le premier se nomme Darren Allen ; qu’il est anglais et lecteur vorace d’Ivan Illich, de Jacques Ellul, Lewis Mumford et d’autres « critiques de la Mégamachine techno-industrielle ».
Quant au second, il se présente comme Guy Morant, « auteur de polars auto-édités », et traducteur de 33 myths of the system du même Darren Allen, qu’il espère voir bientôt publiés en France - avis aux éditeurs.
Guy Morant nous précise honnêtement que « Allen a bénéficié d’un accueil flatteur outre-Manche, même si le covid lui a coûté le soutien d’auteurs tels que Zerzan, qui le traite stupidement de complotiste et refuse désormais tout débat avec lui. »
Ohoh. Qu’a bien pu dire Darren Allen pour provoquer cette rupture avec Zerzan ? Que l’épidémie avait été planifiée par les gouvernements et l’industrie afin de forcer les ventes de prétendus vaccins OGM, et d’instaurer l’état d’urgence sanitaire ? Ce serait en effet une grosse bêtise, surtout de la part d’un auteur dont la bêtise ne semble pas le point fort. Que le virus scientifiquement équipé de « gains de fonction » aurait pu s’enfuir du laboratoire P4 de Wuhan ? Well, nous avons nous même documenté cette hypothèse (1), et de plus en plus de journalistes et de scientifiques après nous. L’hypothèse restant à l’examen malgré les destructions d’indices et les obstructions du gouvernement chinois.

Une rapide visite du site de Darren Allen (ici) n’a révélé nulle monstruosité. Nulle apologie du cannibalisme ou du viol d’enfants en bande organisée ; nulle dénonciation d’un mystérieux complot impliquant les élites mondiales et des pieuvres extra-terrestres. Tout ce que nous avons découvert, c’est un Anglais plein d’humour et d’esprit – witty comme peuvent l’être les Anglais, si l’on nous passe ce stéréotype culturel – écrivant dans un style tranchant et caustique qui rappelle tout à la fois Orwell pour la pointe, et Kaczinsky pour la taille. (Oui, on sait. Kaczinsky n’est pas anglais, mais américain).

Nous publions donc les deux essais de Darren Allen, "Le Système technologique", et "Adieu monsieur Marx", parce que nous y trouvons une brillante synthèse critique sur un sujet que nous avons nous-même traité dans notre série De la technocratie (voir ici) et d’autres textes ultérieurs ("Ce que signifie « avoir les moyens », au-delà du capitalisme et pire encore" (ici) ; "Alain Badiou nous attaque et nous faisons (humblement) notre autocritique" - ()). Qui plus est, nous partageons les vues de Darren Allen, à certaines réserves près dont on parlerait avec plaisir de vive voix, autour d’un thé dans un pub, ou d’un café dans un bistrot (et allez donc les stéréotypes). En attendant, lisez vous-mêmes, et surtout, restez vigilants. Ne manquez pas de nous signaler si vous découvrez que ce Darren Allen est en réalité un fasciste qui mange des animaux sensibles dans son fish & chips ; ou qui refuse de laisser prescrire des bloqueurs de puberté à son gamin de 11 ans, fashion victim en pleine crise juvénile.

(1) Cf. Pièces et main d’œuvre, Le règne machinal (la crise sanitaire et au-delà), Service compris, 2021

(Pour lire les deux textes de Darren Allen, ouvrir le document ci-dessous.)