Notre correspondant à Grenopolis, Arthur Morel, a déménagé sur les hauteurs et entamé une formation d’infirmier. Quand elle lui laisse du temps, il poursuit sa découverte de la ville-machine. Ainsi a-t-il visité Aquapole, la station d’épuration de la Métro, qui traite les eaux usées de 500 000 personnes, rejette le « liquide » dans l’Isère et utilise le « solide » (les boues) pour produire du biogaz. Tout ça est affreusement organique et scatologique.
Arthur n’a pas de chance, il n’arrive pas à placer ses questions impertinentes dans la discussion avec la guide – en fait, une chargée de communication de la Métro. Laquelle est de toute façon en reconversion (« recyclage » ? « retraitement » ?) depuis peu et « continue d’apprendre chaque jour ». Pour en savoir plus sur l’usine à biogaz qui enthousiasme les technocrates, notre reporter doit fouiller les archives et les documents en ligne. Devinez ce qu’il découvre ? Le biogaz n’est pas bio, les eaux sales et leur traitement technologique polluent la rivière, les sols et l’air ; et nul n’envisage de solutions pour réduire leur volume et cesser d’évacuer nos excréments avec de l’eau potable. D’ailleurs, même l’eau de pluie est contaminée par la chimie.
Ne tords pas le nez, lecteur. Comme Arthur Morel et comme 70 % de la population grenopolitaine, tu es peut-être « primo-arrivant » dans la cuvette, selon la nomenclature technocratique, et tu ignores ce que deviennent tes eaux usées quand tu tires la chasse et vides ton évier. Avec cette dernière lettre de notre promeneur à son ami québécois, tu as la chance de visiter la machinerie de la métropole.

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