Début juin 2005, 20 000 grenoblois découvrent dans leur boîte aux lettres une publicité du conseil général pour “Libertys, carte unique d’identité et de services”. Obligatoire dès le 1er octobre, Libertys remplace tous les documents administratifs : carte d’identité biométrique, carte bancaire, carte vitale, permis de conduire, etc. Pour “les têtes en l’air et les étourdis”, Libertys est également proposée sous forme de micropuce sous-cutanée. Injectée sous la peau, cette puce permet une géolocalisation GPS. Vous croyez cauchemarder ? Vous pensez revivre 1984 d’Orwell et vous refusez ce flicage généralisé ? Ne vous inquiétez pas : le dépliant promet la tenue d’un “grand débat citoyen” en 2010, une fois Libertys mise en place.

“Un canular !”annonce le lendemain Le Dauphiné Libéré, quotidien local de Dassault. Un canular ? Une anticipation plutôt. Car Libertys s’inspire de projets réels. Elle ne fait que perfectionner INES, la future carte d’identité biométrique prévue en 2006 par le ministère de l’Intérieur. Elle puise également dans les projets du GIXEL, le lobby des industries françaises de l’électronique. Enfin, la nanotechnologie dont s’inspire Libertys existe déjà : depuis 2002, une société américaine commercialise Verichip, une micropuce sous-cutanée de la taille d’un grain de riz. Aux États-Unis, en Mexique ou en Espagne, Verichip est utilisée comme système d’identification dans des discothèques, des hôpitaux ou pour surveiller des prisonniers en liberté conditionnelle. A quand le traçage en temps réel des chômeurs et des RMIstes ?

Lire aussi : Carte d’identité électronique : ce n’est pas du canular