Nous avons reçu de notre ami Philippe un appel à manifester dans la rue ce 1er Mai. Ses arguments sont excellents, nous les partageons, et donc nous reprenons à notre compte cet appel que nous faisons circuler. Si la procession du 1er Mai a quelque chance de retrouver du sens, c’est bien cette année, où l’on prétend nous interdire toute vie autre que "virtuelle". Voyons si les organisations de gauche, partis, syndicats, associations, et les individus qui les composent et qui gravitent autour, sauront se montrer à la hauteur de la situation et appeler à cette manifestation : on dit à 11h place Grenette ?
Après tout on a encore le droit de se détendre les jambes pendant une heure, en respectant les "gestes barrières" et avec son masque. Les Israëliens l’ont d’ailleurs fait le 19 avril, comme le rapporte le Huffington Post dans l’article à lire ci-après (ouvrir le document en bas de page).

Pour un 1er Mai des humains libres !

Comme chaque année, je me rends à la grand-messe des travailleurs comme d’autres vont à la messe de Pâques ou de minuit. D’autres vont peut-être aux trois, affaire de fidélité, de liberté de croyance ou de conviction
Ma conviction s’enracine dans cette histoire sanglante de l’émancipation sociale à la fin du 19e siècle. Le 1er Mai, c’est la fête des travailleurs et non pas du travail. Le 1er Mai 1886 aux établissements McCormick, fabriquant de tracteurs, les ouvriers réclament la journée de 8 heures. La répression sera sanglante : des blessés, des morts, des condamnations à mort pour les meneurs. 1891 : c’est en France qu’à Fourmies dans le Nord pour la même revendication, la répression fait 10 morts dont 2 enfants et 35 blessés.Voilà pourquoi je ne manque pas une manifestation du 1er Mai.
Sauf qu’en cette année 2020, il y a le covid 19 qui exige d’appliquer une vieille méthode qui a fait ses preuves quand on ne savait pas quoi faire en cas de peste ou de choléra, à savoir le confinement. On aurait pu penser qu’au 21e siècle on ferait mieux, mais c’est sans compter sur la casse du système de santé publique organisée par les mêmes prédateurs que ceux qui faisaient tirer sur les travailleurs au 19e siècle.
La réponse est donc le confinement jusqu’au 11 mai… mais il y a confinement et confinement, celui prôné par les gouvernements de la planète quel que soit le régime prend surtout la réalité de la société de contrainte, du contrôle total et liberticide.
Chacun sait et doit appliquer la décision d’avoir une attestation délivrée par lui-même, remise à jour chaque jour pour pouvoir faire un minimum vital de mouvements de circulation.
Cette auto-attestation qui semble ridicule quant à sa capacité à s’opposer à la propagation du virus est surtout une preuve de notre obéissance au pouvoir qui lui, sait ce qui est bon pour nous, bien pratique pour masquer, sans jeu de mot, la pénurie de masques et de tests par impéritie de nos gouvernements.
Mais en fait cette auto-attestation qui, si vous ne l’avez pas ou si elle est légèrement incomplète, vous en coûtera 135€, soit le même montant mis en place pour réprimer les manifestations des Gilets Jaunes… De la répression à manifester à la répression à circuler, situation d’urgence !

Non, j’ai bien retourné la question dans tous les sens, même en prenant en compte les inconscients qui existent, qui sont longs à la détente, comme d’ailleurs Macron et Philippe avant le 12 mars, sur la nécessité à protéger les autres et soi-même, je ne vois pas la pertinence de l’auto-attestation.
Au sujet des inconscients qui ne font pas preuve de bon sens : ils ne sont pas légion, même si on nous montre les images de ces gens qui n’ont rien compris, sont-ils les plus inconscients ? Depuis janvier, certes l’OMS n’avait pas averti tous les humains de la planète mais au moins les gouvernements sur le risque de pandémie. Trois mois pour réagir pour nos élites.
Bref j’en suis très vite venu à me dire que cette décentralisation des services préfectoraux dans nos cerveaux nous autorisant à nous délivrer un Ausweiss avait une autre finalité.
C’était la version papier imparfaite du flicage, au début il n’y avait même pas l’heure et puis on pouvait faire autant de feuilles qu’on voulait, donc là aussi on sentait bien que cette imperfection exigeait un remède technologique qui permette le contrôle à distance et dans le temps. Il suffisait de se tourner vers le modèle de démocratie chinoise et comprendre que le téléphone avec une application adéquate serait la bonne réponse, d’ailleurs le président Macron avec son premier ministre étudient la question pour nous dé-confiner. On venait donc de réinventer la crécelle du lépreux mais cette fois ci connectée. Bluetooth ou GPS si la forme technologique est un peu différente cela ne change pas la décision d’utiliser les données si l’urgence décrétée exige la saisie desdites données. Si le lépreux pouvait encore se cacher, aller en forêt, aujourd’hui le « covideux » et bientôt le mauvais citoyen auront du mal à échapper à cela, y compris aux drones qu’il ne faut pas confondre avec un cerf-volant au dessus des dunes au bord de mer.
On a vu aussi le secours que peut apporter le le compteur Linky pour dénoncer ces citadins qui ont réussi à fuir la ville : Canard Enchaîné du mercredi 8 avril. Linky, un mouchard ? Non...vous voyez le mal partout.
En ce moment de rupture, chacun pense que ça ce ne sera plus comme avant. Ce temps de sidération nous invite à la réflexion mais si on ne prend pas garde, ce qui ne sera plus sera remplacé par le pire.
Ce pire, on l’entrevoit avec les déclarations du Medef, il faut relancer la croissance avec des sacrifices pour les salariés, et la poursuite de la destruction des équilibres écologiques dont les experts établissent un lien de plus en plus évident avec les virus.
Le pire c’est aussi la standardisation des modes de gouvernance dans un moule totalitaire que permettent toutes les avancées technologiques : biotechnologique, numérique tout connecté, drones, caméras à reconnaissance faciale... Russe, chinoise, occidentale, ces formes de gouvernance seront des dictatures débarrassées des oripeaux du fascisme tel qu’on l’a connu et qui existe encore. C’est ce que « PMO » (Pièces et main d’œuvre) qualifie de technofacisme, et dénonce la société de contrainte dans laquelle nous entrons.
Le pire c’est aussi ce que dénonce Naomi Klein dans son livre La stratègie du choc, où elle met en évidence cette capacité du système capitaliste à se saisir de toutes les crises et catastrophes pour imposer sa vision mais surtout ses solutions d’un monde ultralibéral et totalitaire.

Alors, quel lien avec le 1er Mai ? Si ce n’est que nous avons le choix entre un 1er Mai virtuel par Internet interposé comme la messe du pape ou alors descendre le 1er Mai dans la rue au même moment en respectant les gestes barrière pour le respect des autres et de nous-mêmes, mais en s’affranchissant de cette auto-attestation expression d’une soumission. Chacun ayant une banderole, un drapeau, un gilet jaune ou une pancarte revendiquant qu’on ne veut pas de ce monde comme on l’a dit à Notre-Dame-des-Landes.
D’ailleurs c’est beau et calme un ciel sans avion !

« L’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde. »
A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

« De qui dépend que l’oppression demeure... de nous, de qui dépend qu’elle soit brisée... de nous. »
Bertolt Brecht

Philippe
14 avril 2020

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