D’abord, cette innovation remarquable : à dater du 1er janvier 2008 les bergers seront légalement contraints de pucer leurs brebis (cf le texte du règlement européen en ligne sur Pièces et Main d’Oeuvre). On dit "brebis", comme on dirait cobayes. On sait que l’on fait d’abord aux bêtes ce que l’on fait ensuite aux hommes, en commençant par les plus faibles et démunis : les enfants, les vieux, les malades, les SDF, les nomades, les étrangers, les prisonniers. C’est tellement plus pratique pour la gestion du cheptel (cf "Des moutons et des hommes" sur Pièces et Main d’Oeuvre).
Parmi les mensonges du techno-gratin figure en bonne place celui du "choix" que nous aurions d’accepter ou non telle ou telle technologie, en "citoyens libres", en "consommateurs avertis", en "individus rationnels", quitte à nous réfugier à la campagne pour "vivre en accord" avec nos idées, en cas de répugnance trop prononcée pour la vie technopolitaine.
Les bergers qui nous écrivent la lettre ci-jointe savent qu’il n’y a plus d’ailleurs : que les exploitants agricoles ayant évincé les paysans, ne sont guère plus que des sous-traitants de l’industrie agro-alimentaire, aux sols ravagés par les intrants chimiques, sous la surveillance tatillonne des satellites.
En fait, le seul choix qu’il nous reste, c’est celui du refus. C’est celui qu’ils ont fait.
Et pour les connaisseurs : "Do androids dream of electric sheep ?" (Philip K. Dick)