Certains objets, certains appareils, ne tiennent guère de volume, matériellement parlant, mais prennent une place gigantesque dès qu’on en mesure les causes et les effets, sociaux, écologiques, économiques – bref, politiques. La société dont ils résultent et qu’ils contribuent à perpétuer.

Nous avons ainsi traité dans le passé les cas des nanomachines et du nanomonde (Aujourd’hui le Nanomonde, Editions L’Echappée), des « puces » RFID (radio frequence identification) et du tatouage électronique de tout et de tous (RFID, la police totale, Ed. L’Echappée), ainsi que du Téléphone portable, gadget de destruction massive (cf ici)

Le compteur communicant Linky fait partie de ces petits appareils – les objets connectés - qui en disent long dès qu’on commence à les faire parler. Qu’y a-t-il au-delà du circuit, du compteur, du réseau, des lignes, des centrales ? De quelle société – électrique, industrielle, technologique – le compteur Linky est-il aujourd’hui un produit et un dispositif nécessaire ?

Entre ses promoteurs, les forcenés du progrès technologique, et ses opposants, les défenseurs du milieu humain et naturel, constamment traités d’obscurantistes et de réactionnaires, voici deux siècles que la guerre est déclarée et que les premiers écrasent les seconds.
En vertu de quoi, ce sont eux, les vainqueurs, qui écrivent l’histoire de ces deux siècles. (Cf Technocritique, François Jarrige. Ed. La Découverte) C’est normal puisqu’ils appartiennent à la technocratie dirigeante : scientifiques, ingénieurs, techniciens, cadres, chefs d’entreprises, journalistes, etc. Ils concentrent donc l’avoir, le savoir et le pouvoir leur permettant de pétrir l’opinion et de ridiculiser les critiques – si fondés soient ces critiques.
Combien de fois les réfractaires ont-ils lu dans un journal, entendu à la radio, à la télé ou dans une réunion publique : « Vous, de toutes façons, vous êtes contre tout !... Le chemin de fer, les vaccinations, l’électricité !... Si on vous écoutait, on retournerait tous en Ardèche, vivre dans des grottes et s’éclairer à la bougie ! »

A force, cela nous a donné l’idée de procéder à l’inventaire de la société électrique, de ses bienfaits (discutables) et de ses méfaits (épouvantables).
Nous qui, dans nos emplois, nos activités et nos vies, faisons sans cesse l’objet de bilans, d’audit, d’évaluations, en fonction d’objectifs fixés « en commun », selon nos dirigeants, ou simplement décidés par ces derniers (après tout, c’est leur job), il nous revient de renverser les rôles et d’examiner à notre tour l’actif et le passif de ces deux siècles de société industrielle et technologique. Qu’elle soit privée, publique (étatique) ou mixte. De dire ce qu’elle nous a apporté et enlevé, si nous souhaitons sa prolongation ou sa disparition, et suivant quelles modalités.

Il nous faut du même coup évaluer les évaluateurs, cette technocratie à la direction des sociétés industrielles et post-industrielles, en fonction de ses promesses et de ses résultats, et dire, suivant ses propres règles qu’elle nous applique, ce qu’elle mérite : primes et promotions, ou licenciement sans indemnité.

Notre inventaire n’est qu’un sommaire. D’autres en feront des livres, afin que chaque sociétaire de la société délibère en connaissance de cause et revoie les conditions de sa participation à cette société.

(Pour lire le texte, ouvrir le document ci-dessous).

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