Voici trente-sept ans – un bail – "Paris Match" publiait un article intitulé "Grenoble, le campus de la peur"
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Cet article aujourd’hui mériterait non seulement une republication mais un volume d’analyses, et un colloque subséquent, tant s’y concentrent les symptômes d’une époque, d’un lieu, et les principaux traits de la guerre de propagande que livraient les mass medias à la contestation post-soixante-huitarde.

A l’époque, les plus fins des contestataires réagirent par le fou-rire à la lecture de ce morceau d’anthologie chnoque. A tort. Les "gens" croient pour l’essentiel ce que leur disent les mass medias. Pour l’essentiel, ils crurent à la puissance et à la violence des gauchistes, et s’inquiétèrent. Les plus épais des contestataires crurent aussi, brièvement, à cette caricature, à leur propre puissance et à l’efficacité de l’arrogance. Or tout le succès de la contestation tenait au soutien raisonné d’une partie des étudiants et professeurs, et ce soutien lui-même tenait à l’effort humble, tenace, forcené des contestataires pour convaincre leurs pairs de la justesse des causes qu’ils défendaient. Un mouvement ne se décrète pas.

On verra d’ici Mai si les commémorations du quarantième anniversaire nous valent autre chose que les radotages des anciens combattus. C’est tout le mal que l’on souhaite aux manifestants de Gênes et des défilés contre le CPE.

"Alors, regardez autour de vous- vous de Lille ou de Marseille, de Strasbourg ou de Bordeaux. Est-ce que les choses sont tellement différentes chez vous de ce qu’elles sont à Grenoble ? Est-ce que ce n’est pas « Chicagauche » qui se prépare un peu partout ?" ("Paris Match", 26 juin 1971)

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