En librairie : De la technocratie. La classe puissante à l’ère technologique, par Marius Blouin. Voir ici.

On se souvient de la sentence de l’historien Daniel Halévy : « 1848 n’inventa rien. 1830, au contraire – et les trois années qui suivirent - marque la vraie crise, l’invention des idées, l’initiative des mouvements. Alors le saint-simonisme, le fouriérisme et le blanquisme se forment à Paris dans les cénacles et les clubs ; et le syndicalisme plante son drapeau noir sur la colline de la Croix-Rousse. »
Parmi ces idées nouvelles issues des penseurs de la « révolution industrielle », le « féminisme », qui ne porte pas encore ce nom mais dont Charles Fourier (1772-1837) fait dès 1808, dans sa Théorie des quatre mouvements, l’une des clés, sinon la clé de l’Harmonie à venir : son projet « scientifique » de société industrielle, régie par « l’attraction passionnelle » et organisée en unités de vie sociétaires (les phalanstères), tout-à-la fois rivales et fédérées. « En résumé, dit-il, l’extension des privilèges des femmes est le principe général de tous progrès sociaux. »

Au lendemain des Trois Glorieuses de juillet 1830, ses idées gagnent l’église saint-simonienne qui accueille un afflux de femmes en quête d’émancipation. Prosper Enfantin (1796-1864), l’un des deux Pères de l’église, instrumentalise ces femmes et leurs aspirations, afin de prendre le dessus sur Amand Bazard (1791-1832), l’autre Père de l’église, un républicain révolutionnaire, plus soucieux de la « question sociale » que de la « question de la femme ». Leur opposition enflamme toute l’église en un véritable psychodrame, jusqu’à la terrible assemblée générale de novembre 1831, au moment même de la première insurrection des canuts ; et aboutit au schisme entre partisans de la lutte de classe et partisans de la collaboration de classe, travestis en « féministes » et « pacifistes ».

Technocrate : terme épicène désignant tout membre de la technocratie, aussi bien mâle que femelle.

Mais que pensent, que disent, que font les « premières concernées », « prolétaires saint-simoniennes » ou « dames de la doctrine », face à ce conflit dont elles sont à la fois l’objet et les actrices ? C’est ce que l’on découvre entre Paris, crépitant de complots et d’émeutes ; et Lyon, où couve la seconde insurrection des canuts, en avril 1834.

Pour lire ce chapitre, ouvrir le le PDF ci-dessus.

Chapitres 1 à 3.
Chapitres 4 et 5.
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.
Chapitre 9.
Chapitre 10.
Chapitre 11.
Chapitre 12.
Chapitre 13.
Chapitre 14.
Chapitre 15.
Chapitre 16.