Au début de l’année 2022, deux enfants de 8 et 2 ans meurent d’un syndrome hémolytique et urémique et une cinquantaine d’autres restent lourdement handicapés. Les services d’hygiène publique remontent la chaîne épidémique jusqu’aux pizzas industrielles de l’usine Buitoni-Nestlé de Caudry, près de Cambrai, contaminées par la bactérie Escherichia coli, dite E. Coli. Bactérie qui prospère dans les matières fécales.

Certes, les accidents, ça arrive ; c’est même la seule certitude que l’on ait à leur sujet. Une famille pourrait s’empoisonner avec une pizza aux champignons cueillis dans les bois. Ici, il ne s’agissait pas d’un « risque d’accident » mais d’une certitude d’empoisonnement prochain. Non pas un « accident », mais l’effet certain de la négligence systémique qui déresponsabilise tous les anonymes de la chaîne industrielle, de l’actionnaire à l’ouvrier. Que cette chaîne de production relève du capitalisme privé, de l’entreprise publique ou de l’association coopérative.

Dès lors, il ne s’agit plus de savoir s’il va y avoir un coup du sort, mais sur qui va tomber ce coup du sort (et quand). Il ne s’agit plus d’ « accident », mais d’un pourcentage de dommages collatéraux tacitement toléré, ainsi que le montre la multiplicité d’« affaires » touchant l’industrie agroalimentaire et les marques du groupe Nestlé. Une sorte de sacrifice humain à l’idole Machine. C’est à l’autopsie d’une de ces affaires que se livre cette enquête.

(Pour lire le texte, ouvrir le PDF ci-dessus.)


Lire aussi :
 « La betterave, la gauche, le peuple - et nous » (2023), Renart

 « Moi, Julien, 28 ans, technicien de maintenance à la Boulangerie Industrielle », (2016), Pièces et main d’œuvre

 « Traçabilité ? laissez-nous hennir ! » (2013), Pièces et main d’œuvre