Disponible en librairie : Alertez les bébés ! (Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine). Voir ici

1793. Traqué par la Convention montagnarde et réfugié dans la clandestinité, le mathématicien et penseur libéral Nicolas de Condorcet (1743-1794), dernier représentant des Encyclopédistes, s’efforce de rédiger son testament spirituel, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, dont voici les derniers mots :

« Serait-il absurde, maintenant de supposer que ce perfectionnement de l’espèce humaine doit être regardé comme susceptible d’un progrès indéfini, qu’il doit arriver un temps où la mort ne serait plus que l’effet, ou d’accidents extraordinaires, ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales, et qu’enfin la durée de l’intervalle moyen entre la naissance et cette destruction n’a elle-même aucun terme assignable ? (…) Ainsi, dans l’exemple que l’on considère ici, nous devons croire que cette durée moyenne de la vie humaine doit croître sans cesse, si des révolutions physiques ne s’y opposent pas ; mais nous ignorons quel est le terme qu’elle ne doit jamais passer ; nous ignorons même si les lois de la nature en ont déterminé un au-delà duquel elle ne puisse s’étendre.
Mais les facultés physiques, la force, l’adresse, la finesse des sens ne sont-elles pas au nombre de ces qualités dont le perfectionnement individuel peut se transmettre ? L’observation des diverses races d’animaux domestiques doit nous porter à le croire, et nous pourrons les confirmer par des observations directes faites sur l’espèce humaine. »

Le 28 mars 1794, on trouve Condorcet mort et couvert de sang dans sa prison de Bourg-l’Egalité (ci-devant Bourg-la-Reine). Le 13 germinal an III (3 avril 1795), la Convention décrète l’achat et la distribution dans les écoles de trois mille exemplaires de l’Esquisse, que Sophie, son épouse et veuve, vient de publier. L’appel est ainsi transmis aux savants du siècle suivant, et tout d’abord aux biologistes, qui après avoir tâté de la « viriculture » et de « l’aristogénisme » s’accordent à faire de « l’eugénisme » (1883). Tous - qu’ils soient libéraux, communistes ou fascistes - avant de lui substituer le terme de « transhumanisme » (1957), innocent de toute compromission avec les médecins nazis. L’insomnie de la raison engendre des monstres.

En France, en 2020, un enfant sur 27 est produit en laboratoire ; une proportion qui ne cesse de croître pour devenir la norme, cependant que les progrès des manipulations génétiques (Crispr-Cas 9…10…13 !) déjà expérimentées, promettent l’avènement du superbébé augmenté. Un Bébé Comme Je Veux Parce Que Je Le Vaux Bien, issu des ultimes recherches de l’anthropotechnie. Et s’il n’est pas content de lui en grandissant, ce petit meccano d’organes ingrat, il n’aura qu’à se faire refaire. Le transformisme, de nos jours, ça se fait en un clin d’œil et à volonté. Pas besoin d’attendre des générations qu’un poisson rampe hors de l’eau sur ses nageoires.

Voici l’histoire bien instructive que nous conte Bertrand Louart, dont le père l’aurait bien vu chercheur au CNRS, s’il n’avait quitté ses études de biologie pour devenir menuisier-ébéniste et se livrer à la critique des sciences & technologies.

(Pour lire le texte de Bertrand Louart, ouvrir le PDF ci-dessus.)

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