En juillet 2022, en pleine sécheresse, nous publions une enquête sur le pillage de l’eau par STMicroelectronics, et sur la visite au même moment du président Macron venu annoncer une nouvelle pluie de milliards (5 Mds €) sur l’entreprise, ainsi qu’une nouvelle extension de celle-ci. Cette enquête est beaucoup lue et relayée depuis.
Clairement, le lien que nous avions pointé depuis une vingtaine d’années entre l’assèchement de la cuvette et l’expansion de l’industrie électronique est enfin devenu visible pour nombre de gens qui ne voulaient surtout pas passer pour « obscurantistes » ni « technophobes ».
Aussi, afin d’abreuver cette conscience nouvelle des méfaits écocidaires du numérique, avons-nous recueilli en Pièce détachée (n°97) la plupart des textes que nous avons consacrés à STMicro depuis 2005 (sommaire et commande ci-dessous). Mais d’abord un résumé pour les oublieux et les nouveaux-venus.
Ce mois de février 2023 est le plus sec depuis 1959 et l’Isère est déjà en alerte. Nulle fonte de neige ne recharge les nappes phréatiques des massifs. Mais STMicreau se vante moins de cette « innovation de rupture » qu’est la canicule hivernale, que de son trophée de « leader de l’économie 2022 ». Trophée que décerne la Chambre de commerce et d’industrie de Grenopolis à cette fabrique de puces électroniques installée, parmi d’autres sites de production, sur le « Polygone scientifique » et à Crolles, dans la vallée du Grésivaudan.
Une distinction méritée : croissance de 25 % en 2021, doublement des capacités de production en 300 mm (taille des wafers, les plaques de semi-conducteurs) d’ici 2025, investissement d’un milliard d’euros sur le site crollois en 2022, objectif de doublement du chiffre d’affaires entre 2020 et 2025-2027, etc (cf. Présences, déc. 2022-janv. 2023, n°324).
Satisfaction de Sébastien Dauvé, directeur du CEA-Léti : avec ST, Soitec et les start-ups locales, « la région grenobloise devient une "mégafab", c’est-à-dire un lieu où l’on produit plus d’un million de wafers (…) par an. Grenoble joue dans la cour des grands. » (Ouest-France, 22/12/22)
Si vous l’ignoriez, le CEA-Léti a créé voici 50 ans de cela, en 1972, ce qu’on n’appelait pas encore une start-up : EFCIS (Etudes et Fabrication des Circuits Intégrés), renommée STMicroelectronics en 1987 après fusion avec l’Italien SGS. Laquelle est aujourd’hui le premier employeur de l’Isère (4700 salariés) et s’apprête à ouvrir sa propre école pour former les 1000 techniciens dont elle aura besoin d’ici quatre ans.
Pour produire les semi-conducteurs des smartphones, des voitures électronucléaires, des « assistants numériques à intelligence artificielle » - bref les objets et les corps connectés des Smartiens, STMicreau exploite deux ressources locales à forte valeur ajoutée : la matière grise des ingénieurs du CEA et l’eau pure des montagnes, stockée dans les nappes phréatiques de la vallée. On ne devient pas une « mégafab » sans piller des millions de mètres cubes d’eau. Combien de mètres cubes exigera encore le doublement du chiffre d’affaires de STMicroelectronics ?
« En ce qui concerne STMicroelectronics la seule politique environnementale qui vaille, c’est la fermeture », disions-nous en 2005. Ceux qui se demandent comment nous en sommes arrivés à un tel désastre trouveront quelques réponses dans notre Pièce détachée n°97.
Sommaire :
• STNécro à la pointe de la lutte contre l’environnement (2005)
• STMicro s’assoit sur la cuvette (2005)
• Pour en finir avec Crolles 2 (2007)
• Pingouin en salle blanche, c’est un sale boulot (2008)
• Des moutons ou des puces ? De l’élevage ovin à l’ère technologique : un peu d’économie réelle (2013)
• Le cycle du silicium. Des carrières aux dépotoirs en passant par nos smartphones (2021)
• STMicroelectronics, les incendiaires et les voleurs d’eau (2022)
• Pingouin chez STMicroelectronics, c’est toujours un sale boulot (2022)
Pour commander la Pièce détachée n°97, envoyer un chèque de 6 € à l’ordre de Service compris :
Service compris
BP 27
38172 Seyssinet-Pariset cedex
Catalogue des Pièces détachées disponible ici .
(Pour lire les textes, ouvrir le document ci-dessous.)