Trois débats avec Pièces et main d’œuvre :
Reproduction artificielle, manipulations génétiques
Contre l’eugénisme technologique
En novembre 2018, le chercheur chinois He Jiankui annonçait avoir produit deux enfants génétiquement modifiés. En Russie, son collègue Denis Rebrikov attend l’autorisation du ministère de la santé pour l’imiter. (Cf. Le Monde 8 janvier 2020) Dans le monde entier, les laboratoires de génétique travaillent plus ou moins discrètement, à l’avènement du surhomme génétiquement modifié ; dans l’attente d’une énième loi de « bioéthique » pour « encadrer », c’est-à-dire légaliser, le fait accompli. Aussi Le Monde diplomatique de janvier 2020 est-il contraint d’alerter ses lecteurs dans une page consacrée aux « riches génétiquement modifiés », sur l’émergence d’une disparité entre les « nantis », dotés d’un génome sain (voire « amélioré »), et des « ensembles régionaux, culturels et socio-économiques – généralement les plus fragiles. » La solution pour les techno-progressistes du Monde diplomatique réside évidemment dans la prise en charge par les assurances sociales de la reproduction artificielle de l’humain (tests et FIV) : c’est-à-dire l’eugénisme pour tous et toutes.
Qui dit produit, dit contrôle qualité, amélioration du produit et des procédés de production. Diagnostic pré-implantatoire, tri des gamètes et des embryons, séquençage génétique à haut débit, puis production de gamètes artificiels et d’embryons génétiquement modifiés – toutes ces innovations figurent dans la loi de « bioéthique » en cours d’examen. Remplacer le hasard de l’engendrement par le choix des caractéristiques de l’individu à venir, tel est le projet du transhumanisme qui en a fait un slogan – From chance to choice – et de l’eugénisme, son vrai nom.
Ainsi, le « darwinisme social » dénoncé jadis par la gauche au nom de l’égalité, s’actualise grâce au « darwinisme technologique » qu’elle réclame au nom d’une fausse égalité. Comme établi par l’historien André Pichot (Cf. La société pure. De Darwin à Hitler. Flammarion, 2000), loin que l’eugénisme menace les technologies de ses « dérives » funestes, il en est au contraire le mobile et le moteur. C’est l’eugénisme, un racisme issu des laboratoires, qui suscite les recherches en génétique et « procréatique » afin d’accomplir ses projets de « race pure » et « supérieure ».
Ce crime contre l’humanité, que ses promoteurs travestissent en pseudo-égalitarisme et en émancipation, s’accomplit au moyen de son artificialisation et de la production d’enfants en laboratoire. Mais la rançon de l’émancipation du vivant et des contraintes naturelles, c’est la soumission aux contraintes techniques du monde-machine, et au pouvoir des machinistes.
Qui veut défendre l’espèce humaine doit refuser l’appropriation par les biocrates experts, du droit naturel à la reproduction sexuée, libre et gratuite, ainsi que la sélection et la modification génétique de l’humain.
C’est de quoi il sera question dans le débat qui suivra l’exposé.
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