C’est un bruit, un couinement sporadique, un chuchotement, sourire en coin. Et "s’il n’y avait pas de nanotechnologies" ? Si ce n’était que du "bluff" ? Un marketing de rusés chercheurs de crédits pour maintenir l’existence de leurs laboratoires ?
On voit la conséquence. S’il n’y a pas de nanos, point n’est besoin de s’y opposer, et ceux qui le font, pourfendent des fantômes.
De fait, il se trouve des esprits forts, scientifiques, radicaux, voire radicaux-scientifiques ou vice-versa, pour nier l’existence, et même la possibilité de nanosciences, nanotechnologies, généralement réduites aux nanorobots de Drexler et au risque écophagique.
Plus sournoisement, depuis le mouvement de critiques contre Minatec, certains scientifiques , sociologues, politiciens, écotechs (à "Sciences Citoyennes" ou chez les Verts) s’étonnent de voir contester "une technologie qui n’existe pas encore", ou "qui n’existera pas avant dix ans".
Les scientifiques sont trop modestes ; bien plus que lorsqu’ils promettent des percées aussi triomphantes qu’imminentes, à leurs bailleurs de fonds. Les écotechs sont trop bêtes, mais finalement pas plus que les esprits forts, radicaux. Il y a quelque chose de comique chez tous ces experts qui, face au désastre nouveau, commencent toujours par affirmer qu’ "on n’en est pas là", avant de finir par décréter, avec la même hauteur, que "c’est trop tard". Ce que l’on a tenté ici, dans la technopole grenobloise, c’est, pour une fois, de contester à propos, avant plutôt qu’après coup - les nanotechnologies par exemple.
Non seulement, il ne suffit pas de restreindre le mot à l’ingénierie ascendante (bottom up), pour en être quitte, mais l’on verra ci-dessous que ni Drexler, ni ses partisans n’ont renoncé à cette voie. Sans préjudice de ce qui peut se faire en chimie "supramoléculaire" (auto-assemblage, biomimétisme), ou même dans la vieille voie "descendante" (top down, miniaturisation). En informatique, par exemple, la finesse de la gravure industrielle atteint désormais 45 nanomètres, avec un milliard de transistors sur une seule puce (cf la prochaine Intel en 2007).
N’ayant ni la radicalité, ni la science infuse, on ne tranchera pas ici de l’aboutissement ni de la méthode correcte en nanotechnologies et autres "technologies convergentes". De manière plus concrète, on a voulu décrire les différentes approches suivant un fil chronologique, et inventorier toutes sortes d’avancées, afin de reconstituer un puzzle réaliste de ce que les nanotechnologies ont déjà accompli en 2006.
On nous pardonnera de ne pas attendre l’achèvement du programme pour en critiquer tant les objectifs, que les premiers acquis.
Ce texte constitue la suite et la fin de la "Minime introduction aux nanotechnologies" publiée par Pièces et Main d’Œuvre en mars 2006, et par les Editions de L’Esprit Frappeur en juin 2006 dans le recueil "Nanotechnologies/Maxiservitude" (à commander auprès de l’éditeur, au 01 40 09 69 69 et 01 40 09 69 81).
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