Notre correspondant à Grenopolis, Arthur Morel, est très occupé. Il travaille dans un Ehpad, il a déménagé et s’occupe de sa petite fille. Ce qui lui laisse peu de temps pour envoyer à Jonathan, son ami du Québec, ses « lettres de la Capitale Verte ». Il a quand même réussi à passer une soirée à la Bastille, devenue depuis peu un lotissement de cabanes. La mairie Piolle a ainsi trouvé le moyen de vendre le site de nuit comme de jour. Un Luna Park, oui, mais un Luna Park Vert.
La Ville a certes interdit les accès pédestres à la Bastille du 13 au 19 août, en raison des risques d’incendie liés à l’extrême sécheresse – mais les touristes peuvent toujours s’y rendre en téléphérique, en raison des risques de manque à gagner pour le commerce. Vous pouvez donc réserver dès à présent sur Internet votre aventure nocturne et éprouver vous aussi le frisson de la liberté surveillée en montagne urbaine.
Ce que ne manqueront pas de faire les participants aux Journées d’été d’Europe-Ecologie Les Verts, organisées du 25 au 27 août à Grenopolis afin de bénéficier du label promotionnel de la « Capitale Verte européenne 2022 ». Quant à Piolle, il profite à son habitude de ce haut-parleur pour propager les fausses nouvelles : « Ici, écrit l’ingénieur-maire dans la plaquette de l’événement, vous pouvez vous nourrir de l’histoire d’une écologie affirmée comme une proposition de société émancipatrice, fraternelle et solidaire, d’un rapport harmonieux au vivant, depuis les années 70. Nous en sommes les dépositaires. »
Les fact checkers auront corrigé d’eux-mêmes. Si les Verts de Grenopolis sont dépositaires d’un héritage, ce n’est pas celui des écologistes alpins des années 70, anti-industriels, organisateurs des manifestations anti-nucléaires de Bugey (1971) et de Malville (1977), animateurs et lecteurs de La Gueule ouverte – le journal de Pierre Fournier qui lança le mot d’« écologie » pour défendre ensemble nature et liberté (voir ici) - mais celui des technologistes verts ayant fait main basse sur le mot et l’idée pour les retourner à leur profit. Des ingénieurs de la survie connectée et de la technopolice verte qui développent le vélo nucléaire, le « numérique responsable » (mais pilleur d’eau des montagnes) et la smart nature sont tout sauf des écologistes .
Découvrons l’expérience Bastille avec notre hardi reporter.
(Pour lire le texte, ouvrir le document ci-dessous.)
Lire aussi :
– Contre la destruction de la Bastille
– Les Calanques, c’est fini
– Vercors Xperience©, la nature et au-delà
– Lettre de la Capitale verte
– Deuxième lettre de la Capitale verte
– « Retour à Grenopolis - Tout ce que nous cachent les élections municipales » (8/03/20)
– « Grenopolis, "Capitale verte 2022" : Le Laboratoire grenoblois à la pointe du verdissement techno-capitaliste » (9/10/20)
– « Élections de Grenoble : de quelle victoire Éric Piolle est-il le héros ? » (30/03/14)
– 5G : quand Piolle, maire technologiste de Grenopolis, nous vole des éléments de langage