Pierre Boisgontier est mort.
Pour ceux qui l’ont connu, ces mots suffisent. Pour les autres, on dira au strict minimum que, membre de la Communauté de l’Arche, Pierre Boisgontier fut l’un de ces rarissimes insoumis à la guerre d’Algérie, à sauver l’honneur de la gauche française et à le payer d’emprisonnement. Membre du PCF, du PSU, puis de la Gauche Prolétarienne, il s’épuisa tant qu’il put à tisonner les braises de l’après-68 à Grenoble, dont il fut le principal animateur. Notamment lors de l’épisode des barricades rapporté par "Paris Match" sous le titre : "Grenoble, le campus de la peur" (1970).
Il avait, pour lutter contre les mensonges du Daubé, fondé avec ses camarades le journal "Vérité Rhône-Alpes", puis l’imprimerie du même nom, d’où est issue, de génération en génération, et de médium en médium, la meilleure part de la contre-information locale.
Chercheur en sciences sociales à l’IREP (Institut Régional d’Economie et de Planification),membre de la communauté de la Monta, il avait été l’un des meneurs du comité Malville dans sa phase de succès initial (1975-77). Il habitait depuis plus de trente ans à Saint-Egrève, dont il avait été conseiller municipal, et où il continuait de militer.
Il est mort samedi 27 octobre, à la clinique des Cèdres, des suites d’une maladie suppliciante, à l’âge de 73 ans.
Ces quelques lignes froides ne font pas justice à la mémoire d’un homme qui était la chaleur même, et le dernier révolutionnaire que l’on ait rencontré à Grenoble dans la deuxième moitié du XXe siècle. Révolutionnaire à l’ancienne mode, progressiste et industrialiste, mais aussi d’un courage et d’une générosité irréductibles, dont l’espèce disparue n’a été remplacée par nulle autre, et notamment du point de vue moral. Mais d’autres, maintenant, en parleront plus et mieux.
Ses obsèques auront lieu mercredi 31 octobre, à 13h45, au centre funéraire de La Tronche, à droite après le pont sur l’Isère.