Des « leçons de choses » de son enfance aux biotechnologies d’aujourd’hui, Cécile Lambert, docteur en phycologie marine (étude des algues), retrace sa parabole dans ce bref résumé, de l’émerveillement des années 1960 au désenchantement des années 2000. Certes, l’humain n’a jamais étudié la nature pour s’en émerveiller, « mais pour s’en protéger ou en tirer profit ». Reste qu’il était permis à d’heureux ingénus, tel Aldebert von Chamisso (1781-1838), poète et botaniste, d’ignorer à quoi et à qui servaient ses recherches. C’était avant l’invasion de la génétique et de l’informatique - de la quantification des faits au lieu de l’intelligence des phénomènes. Avant que la recherche ne se vende aux commanditaires privés pour financer ses laboratoires et n’abandonne aux amoureux bénévoles de la nature, le soin des études de terrain.
Auteur de l’Histoire merveilleuse de Peter Schlemil, ou l’homme qui avait vendu son ombre, Chamisso se trouvait déjà déplacé dans son monde et son temps. « Je ne suis nulle part de mise, je suis partout étranger – je voudrais trop étreindre, tout m’échappe. Je suis malheureux… Puisque ce soir la place n’est pas encore prise, permettez-moi d’aller me jeter la tête la première dans la rivière… » Que pourrait-il ajouter à l’ère des start-up et de la biologie synthétique ?
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