La revue Ecologie & Politique vient de publier un numéro exceptionnel (n°65) – mais à tirage limité - titré « Les enfants de la Machine », consacré à l’eugénisme, aux biotechnologies et à la reproduction artificielle de l’humain.
Ce volume coordonné par Jacques Luzi et Mathias Lefèvre, est édité au Bord de l’eau et disponible en librairie (20 €, 195 p.)
« Un jour, les femmes n’enfanteront plus. Leurs cellules et celles des hommes seront soigneusement produites, sélectionnées puis traitées en laboratoire en vue de la fabrication industrielle d’êtres humains. Améliorés, sur mesure, sans défauts génétiques. De la science-fiction ? En réalité, cet avenir d’où l’enfantement aurait disparu, ce futur où les enfants ne seraient plus le fruit du hasard biologique mais celui d’un système technologique finement paramétré, est déjà parmi nous, en puissance. Petit à petit, par ses avancées dans le domaine des technologies de la reproduction (de l’insémination artificielle à l’ectogenèse, en passant par la fécondation in vitro et la congélation d’ovocytes) et au prétexte fallacieux de libérer les femmes, la technoscience nous y conduit. Après avoir pris le contrôle des sols et celui des corps travailleurs dans le but d’accroître toujours plus son emprise, l’industrialisme, dans la poursuite de son geste totalitaire, s’affaire depuis plusieurs décennies à prendre le contrôle du vivant. »
Au sommaire :
– « L’obsolescence du naître », par Mathias Lefèvre et Jacques Luzi.
– « De l’eugénisme d’Etat à l’eugénisme libéral : où vont les biotechnologies ? » par Bertrand Louart.
– « « Un monde sans mères ? » par Silvia Guérini.
– « Naissance, nature et liberté », par Pièces et main d’œuvre.
– « Réflexions autour de La servante écarlate », par Michela Di Carlo.
– « Les acceptologues. Les « minorités de genre » au service de la fabrication des enfants. » par Renaud Garcia.
– « Dompter toujours plus le vivant. Une critique de la bio-ingénierie » par Gaëtan Flocco et Mélanie Guyonvarch.
– « La question du maximum. Biocapitalisme, démographie et eugénisme » par Jacques Luzi
– « Aux antipodes de la reproduction artificielle : la « naissance respectée ». Entretien avec Emilie Bénard.
Les auteurs
– Bertrand Louart est menuisier-ébéniste à la ferme-coopérative de Longo-Maï. Il a publié Les êtres vivants ne sont pas des machines (2018), et Réappropriation. Jalons pour sortir de l’impasse industrielle (2022), à La Lenteur.
– Silvia Guerini est membre de Resistenze al nanomondo(www.resistenzealnanomondo.org) et l’une des fondatrices du FINAARGIT : Réseau international féministe contre toute reproduction artificielle, l’idéologie du gente et le transhumanisme.
– Pièces et main d’œuvre est depuis l’automne 2000 l’enseigne d’une activité d’enquête critique menée depuis Grenoble : des centaines de textes, une quinzaine de livres et de multiples actions technocritiques. Adresse : Service compris, BP 27, 38172 Seyssinet-Pariset Cedex.
– Michela Di Carlo a été membre du groupe Oblomoff, collectif de réflexion et d’action contre la recherche scientifique, dans les années 2000 ; et du groupe Faut pas pucer, contre l’identification électronique des animaux, dans les années 2010. Elle s’intéresse depuis longtemps aux enjeux politiques de la contraception féminine.
– Renaud Garcia enseigne la philosophie aux lycéens marseillais et participe au collectif Ecran total, contre la numérisation de nos vies ; ainsi qu’à L’Inventaire, revue de critique sociale et culturelle. Derniers ouvrages parus : Le désert de la critique (L’Echappée, 2021), et Notre bibliothèque verte (Service compris, 2022)
– Gaëtan Flocco est enseignant-chercheur en sociologie à l’université d’Evry Paris-Saclay. Il a notamment publié Des dominants très dominés. Pourquoi les cadres acceptent leur servitude (Raisons d’Agir, 2015)
– Mélanie Guyonvarch est enseignante-chercheure en sociologie à l’université d’Evry Paris-Saclay. Elle a notamment publié Performants…et licenciés. Enquête sur la banalisation des licenciements (PUR, 2017)
Gaëtan Flocco et Mélanie Guyonvarch étudient tous deux, depuis quelques années, le travail et l’imaginaire des acteurs de l’ingénierie du vivant.
– Jacques Luzi est maître de conférences à l’université de Bretagne-Sud. Dernier ouvrage paru, Au rendez-vous des mortels. Le déni de la mort dans la culture occidentale, de Descartes au transhumanisme (2019, La Lenteur)
– Emilie Bénard est sage-femme libérale. Elle s’entretient sur sa pratique et son métier avec Aurélien Berlan (Terre et liberté, la quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance, La Lenteur, 2021).
Merci de faire circuler.