Cependant que la Crise provoque la révolution technocratique, la révolution technocratique provoque la Crise. Par « crise », on entend ce processus perpétuel et protéiforme, avec ces phases aiguës ou d’accalmie d’une même maladie de civilisation : l’entropie croissante de la société industrielle.
Par « révolution technocratique », on entend la prise de pouvoir politique et officielle, de la classe technocratique en tant que telle (scientifiques, ingénieurs, universitaires, cadres, entrepreneurs, professions libérales), l’alliance du savoir, de l’avoir et du pouvoir, des bac+++ et des CSP+++, des lecteurs du Monde et du Figaro.
La Crise et la révolution technocratique se nourrissent l’une de l’autre. La Crise, ainsi nommée depuis un demi-siècle, est le produit différé de deux siècles de « révolution industrielle » qui virent l’asservissement de l’État et du Capital à la volonté de puissance de la technocratie. Cette volonté de puissance provoque la Crise (ravages industriels, effets pervers, externalités négatives, balance coûts-bénéfices, accidents technologiques, maladies de civilisation, etc.). Elle profite en outre de la Crise qu’elle prétend toujours résoudre par des surcroîts de puissance, qui n’aboutissent qu’à des surcroîts de crise. C’est ainsi que nous voyons émerger une technocrature dont la Chine constitue le modèle absolutiste, et les États-Unis, le modèle éclairé. L’avènement de cette technocrature avait été dénoncé d’avance, il y a des décennies de cela, sous le nom d’ « écofascisme », la dictature des ingénieurs Verts, grâce à l’État d’urgence écologique. Chacun peut voir aujourd’hui que cet « écofascisme » était en fait un « technofascisme ». – Si l’on tient à utiliser une référence extrêmement définie et datée de l’histoire européenne. Quant au projet latent ou conscient de cette technocrature, il s’agit évidemment du techno-totalitarisme. L’incarcération de l’homme machine dans le monde machine.
Ce texte est paru dans La Décroissance de décembre 2020 consacrée à « la dictature techno-médicale ». Nous pourrions nous flatter d’en voir le titre – « Nos idées aussi sont contagieuses » - ratifié par les émeutes contre le couvre-feu qui secouent ces jours-ci une vingtaine de villes des Pays-Bas. Mais une fois encore, ces émeutes et ces idées ne sont que la fumée de la terre brûlée par la technocratie planétaire. Elles signalent l’incendie, elles ne l’éteignent pas.
Peut-on encore l’éteindre ?
Seulement si ceux d’en bas perdent le goût de la puissance ; et ceux d’en haut, leur puissance de feu.
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