En librairie : De la technocratie (la classe puissante à l’ère technologique). Voir ici
Voici notre première livraison d’une enquête consacrée à la technocratie, classe dirigeante globale à l’ère technologique du capitalisme planétaire unifié.
Les débuts de cette enquête remontent à décembre 2010. Nous avions publié en brochures avec Black Star (s)éditions, Une Armée de justiciers, le merveilleux chapitre consacré à la révolte des Luddites par l’historien E.P. Thomson, dans sa Formation de la classe ouvrière anglaise (ici). « Oui, nous dirent nos amis de Black Star, mais il faudrait quelque chose en plus, une petite préface, un mot de présentation… » Voici ce mot cinq ans plus tard, il a proliféré, muté en chapitres, en livres, sans arriver à sa fin. Si vous le trouvez long, plaignez-vous à Black Star, c’est de leur faute.
C’est que le sujet était aussi passionnant que méconnu. L’équivalent de la découverte d’un continent dans l’exploration sociale. La plupart des gens réduisent la technocratie à la bureaucratie, aux énarques, à ces fonctionnaires de Bruxelles qui réglementent la fabrication de nos fromages : ce n’est qu’une infime part. La technocratie se définit comme une classe consciente d’elle-même ; la classe de l’expertise et de l’efficacité, de la rationalité maximale. La classe centrale des sociétés technologiques avancées, en quantité et en qualité. Elle forme avec la bourgeoisie capitaliste (y compris les financiers), un alliage indissoluble dirigé contre les autres classes (paysans, ouvriers, boutiquiers, employés), qu’elle remplace d’ailleurs par des machines. A l’ère technologique, tout pouvoir doit se faire technocratique ou périr. L’Etat, l’armée, l’entreprise sont technocratiques. Le capital, public ou privé, est technocratique. La Silicon Valley, talonnée par la Chine, présente le type le plus avancé de ce capitalisme technologique et technocratique, qui extermine les espèces, les peuples, les classes, les individus réfractaires à son vampirisme.
Si les anticapitalistes de tradition progressiste, marxistes de toutes nuances, n’ont jamais consacré à la technocratie la critique due à ce fait social écrasant, c’est qu’ils en font sociologiquement partie. Ils ne peuvent pas se voir, même si cet aveuglement est intéressé. C’est qu’ils voient un bienfait dans l’emballement technologique. C’est que la théorie marxiste n’avait pas prévu l’avènement de la technocratie, dans sa prophétie du duel final entre l’immense prolétariat paupérisé et la minuscule ploutocratie capitaliste. (La prophétie n’est pas forcément fausse mais elle est au moins repoussée.) C’est enfin que Marx n’a vu dans la révolte luddite qu’une rage infantile – voire réactionnaire - du nouveau prolétariat industriel. Or Marx avait tort, et Ludd avait raison : première partie de notre enquête.
Marius Blouin n’est pas diplômé de Normale Sup, ni de l’EHESS. Il ne travaille ni aux Inrocks, ni à France Culture. Il ne fait partie d’aucun collectif. Il n’habite pas Montreuil ni les Cévennes, et d’ailleurs Marius Blouin n’est pas son nom, mais celui de son grand-père exclu du Parti pour avoir commis une bonne action.
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