Nous avions appris à l’école que depuis la Révolution de 1789, il y avait en France une droite et une gauche.

La droite rassemblait le parti de l’Ordre, le parti de la Tradition, des conservateurs, voire des réactionnaires. En un mot, le parti de l’oppression.

La gauche, elle, rassemblait le parti du Mouvement, celui du Progrès, des réformistes, des révolutionnaires, enfin, le parti de l’émancipation.

Dans les faits, bien sûr, il y avait une droite révolutionnaire (comme il y a des poissons volants) et une gauche libérale qui enrageait les militants : "Ils font une politique de droite", "ils sont pire que la droite", bref, une "Deuxième droite" justement et férocement empalée dans le livre éponyme de Jean-Pierre Garnier et Louis Janover (réédition Agone 2013).

Cependant, on ne peut sempiternellement glapir que la gauche ne vaut pas mieux que la droite, sans conclure à la longue que la droite ne vaut pas moins que la gauche. A la fin, une question nous tracasse : la droite ne serait-elle pas une deuxième gauche (patapouf et rantanplan) ? Une deuxième gauche qui finirait toujours par se rallier à la première, notamment dans le domaine sociétal, et dans celui de l”l’innovation”, avec un lustre ou deux de retard ?

Innovation et accélération technologique aidant, le parti du mouvement a rejoint celui de l’oppression. "La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner toujours plus avant les instruments de production, donc les rapports de production, donc l’ensemble des rapports sociaux. La conservation sans changement de l’ancien mode de production était au contraire la première condition d’existence de toutes les classes industrielles du passé. Le bouleversement continuel de la production, l’ébranlement ininterrompu de toutes les catégories sociales, l’insécurité et le mouvement éternels, distinguent l’époque bourgeoise de toutes celles qui l’ont précédée." (Le Manifeste du parti communiste, 1848).

Témoin de cette communion de la gauche et de la droite dans la fuite en avant technologique, le dossier estival de l’hebdomadaire de gauche Politis consacré au transhumanisme (c’est-à-dire à l’anthropophobie), qui
célèbre l’inévitable. Titre de ce dossier : « L’homme augmenté, c’est déjà demain ».

Pour une lecture critique de ce numéro collector, voici "Politis et le transhumanisme : une autre réification est possible" (à télécharger ci-dessous).

A lire aussi : "Le transhumanisme de Politis (pourquoi je ne suis pas de gauche", par Fabrice Nicolino