Non, c’est une blague. Il s’agit en fait d’un entretien avec la traductrice de Mumford, Annie Gouilleux, qui nous procure, avec Gregory Cingal, une nouvelle traduction du Mythe de la Machine, aux Editions de l’Encyclopédie des Nuisances (420 p., 28€).

Les saint-simoniens, marxistes ou libéraux, affectent de ne voir qu’une passion réactionnaire et obscurantiste dans l’opposition à la Mère Machine et au techno-totalitarisme. De même, ils affectent de réduire son noyau théorique au « nazi » Heidegger, et à sa conférence sur la technique de 1951. Nous, les ennemis de la Machine, serions tous peu ou prou des nazis et des heideggeriens qui s’ignorent. C’était, parmi tant d’autres, la thèse subtile d’un Luc Ferry dans son Nouvel ordre écologique (1992) ; c’est celle, toujours aussi subtile, rabâchée par Stéphane François, le penseur du Monde sur le sujet (L’Ecologie politique. Une vision du monde réactionnaire ? 2012).

Pour durer, ce dogme doit occulter les modernistes réactionnaires, ces proto-nazis qui dans l’Allemagne de Heidegger répandaient le culte de la Machine . Il doit occulter les auteurs qui bien avant la conférence de Heidegger ont critiqué l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine : Orwell, Bernanos, Saint Exupéry, Simone Weill, Giono, Huxley, Zamiatine, Ellul & Charbonneau - et bien sûr Mumford, qui publie Technique et Civilisation en 1934.

Pour tout dire, l’usage du mot machine (et mégamachine), par Mumford, comme métaphore d’un type d’organisation sociale, « d’un « archétype de machine » composée de rouages humains » ; comme moyen de la puissance, suivant l’étymologie grecque de mêkhanê, moyen/machine, nous rappelle irrésistiblement la discipline, « force des armées », y compris des armées « pacifiques » de travailleurs, ainsi que l’union « qui fait la force », comme l’ont répété à l’envie tous les militants politiques et syndicaux.
Cette machine (ou « mégamachine »), on la voit émerger des cités du IVe millénaire avant J.-C., de leurs ouvrages et monuments gigantesques.
Et pour finir, cette machine humaine, cette invincible combinaison d’union et de discipline, réalise tout simplement l’organisation de Saint-Simon (Cf. L’Organisateur, 1819), elle-même extrapolée de l’organisme humain. Org- = outil+énergie+ travail (Dictionnaire étymologique)

Pour en savoir plus sur Mumford et son Mythe de la Machine paru en deux tomes, en 1966 et 1970, lisez l’entretien avec Annie Gouilleux.
Pour en savoir plus sur Annie Gouilleux, lisez ce qu’elle dit d’elle-même dans cet entretien (ci après), ainsi que ses textes et traductions, dont certains se trouvent sur Pièces et main d’œuvre.

(Pour lire l’entretien, ouvrir le document ci-dessous.)

Retrouvez ce texte dans la Pièce détachée n°90, accompagné de :
 Ellul & Charbonneau contre la fabrication de l’homme-machine
 Démasquez les physiciens, videz les laboratoires
 Pourrons-nous survivre à la technologie ? (J. von Neumann)

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