En librairie : Manifeste des chimpanzés du futur contre le transhumanisme, par Pièces et main d’oeuvre, nouvelle édition (Service compris, 2023)


Maurice Daumas (1910-1984), chimiste et chroniqueur scientifique, tient une rubrique depuis 1945 dans Combat, le journal d’Albert Camus [1]. Le 10 décembre 1946, seize mois après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, il expose les prochaines retombées de la science, leurs « menaces » et leurs « promesses ».
Ce nouveau front de la science conquérante ? La biologie et la génétique qui ne se contentent plus de transformer le monde (l’ex-milieu naturel) – comme le font les applications de la physique et de la chimie – mais changent la vie, l’homme lui-même, au moyen de l’insémination artificielle et de l’eugénique. Un mouvement déjà enclenché, rapide et en voie d’accélération, sur lequel notre chroniqueur entend éclairer ses lecteurs. Comme tous ses confrères qui, sous couvert d’information factuelle et d’avis « juste milieu », faussent le jugement en faveur de ce progrès qu’on n’arrête pas, Daumas ne manque pas de remplacer « le scientifique » par « l’homme », chaque fois qu’il est question des « mauvais usages » que ce dernier pourrait faire de ses nouveaux pouvoirs. Aussi le titre de son article n’est-il pas « Le pouvoir du scientifique sur l’homme ». En revanche, quand il évoque l’éventuel pouvoir de « l’homme » sur « le scientifique », c’est pour donner à cet homme qui s’oppose à la dissection et à la vivisection, une figure obscurantiste et cléricale – catholique, puisque la France d’alors reste largement rurale et monoculturelle. Il rassure d’ailleurs aussitôt. Malgré toutes les oppositions, « le fait scientifique » - et non pas le scientifique ou la caste scientifique – « finit inéluctablement par s’imposer. » Le « mauvais sujet » laissant ainsi la place à un bon « processus sans sujet ».

Le non-sujet Daumas contribue pourtant au « processus », non seulement dans Combat, mais également à la Fondation Alexis Carrel, aussi connue sous le nom de « Fondation française pour l’étude des problèmes humains ». Un institut fondé par une loi du 17 novembre 1941, à l’instigation d’Alexis Carrel, eugéniste et prix Nobel 1912 ; et dont la mission est « d’étudier sous tous les aspects les mesures propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française [2] ». L’Ined (Institut national d’études démographiques), en prend la succession en octobre 1945. Quant à Daumas, il se présente en fait comme un « eugéniste raisonnable », un « eugéniste juste milieu », remettant une « véritable eugénique » au lendemain « d’un profond bouleversement social » (« lendemains radieux », forcément).

Il s’est trouvé au moins un lecteur pour réagir sur le vif et rédiger une lettre au directeur de Combat, Albert Camus. Ce lecteur, c’est Bernard Charbonneau (1910-1996), un petit prof de province, du Béarn, dont la lettre n’a été publiée que 74 ans plus tard, sur le site de La Grande Mue [3], d’où nous l’exhumons à notre tour. Bernard Charbonneau, l’alter ego de Jacques Ellul (1912-1994), tous deux fondateurs de cette écologie radicale et libertaire, aujourd’hui connue sous le nom de « mouvement anti-industriel » [4]. Cette lettre prouve au moins une chose ; c’est qu’il était possible, voici des décennies de cela, de s’opposer à la reproduction artificielle de l’humain, du point de vue de l’écologie libertaire. Charbonneau a aussitôt vu et dénoncé le « surhomme » dans la seringue. La fécondation artificielle porte l’eugénisme en elle (tri et modifications génétiques), comme la nuée porte l’orage. Il nous serait facile de gloser sur les aspects « fascistes » de l’eugénisme, Charbonneau ne manque pas d’en rappeler au passage « l’expérience récente ». Mais ce qui le meut surtout, c’est le bouleversement totalitaire, le bouleversement liberticide, civilisationnel et anthropologique, qu’implique l’eugénisme.

La faillite du mouvement anti-industriel – si faillite, il y a – c’est de n’avoir pas combattu la banalisation de la reproduction artificielle depuis 1981 ; par paresse ; par négligence ; par lâcheté ; par fatigue ; par faiblesse. Par débordement. Mais on pourrait en dire autant de l’informatisation généralisée de la société qui, en dehors des attentats du C.L.O.D.O (Comité pour la Liquidation Ou le Détournement des Ordinateurs), entre 1980 et 1983, nous a envahi sans coup férir [5]. On ne peut être partout. A l’époque de l’emballement et de l’invasion technologique généralisée, nous étions surtout devant les centrales nucléaires et dans les champs d’OGM. Que ceux qui ont fait mieux se fassent connaître et nous fassent la leçon.
Le succès du mouvement anti-industriel – si succès, il y a – c’est d’avoir élaboré malgré tout depuis une dizaine d’années et par ses seuls moyens, une critique irréfutable de toute reproduction artificielle de l’humain, par voie de livres, de brochures, de revues, de journaux, de réunions ; d’avoir résisté à la crasse démagogie libérale/sociétale où se vautrait la gauche social-technocrate, au point de passer parmi ses plus débiles suiveurs, hantés par le spectre de la technophobie, pour une sorte d’épouvantail. Si Charbonneau n’a pas reçu de réponse de Camus – qui ne pouvait pas répondre à tout ni à tous – nous continuerons, nous, de dénoncer la déshumanisation de l’enfantement.

Pièces et main d’œuvre
Grenopolis, 16 janvier 24

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Le pouvoir de l’homme sur l’homme
Par Maurice Daumas

Un concept populaire veut que nous soyons entrés depuis deux ans dans l’ère atomique. Il entend traduire la profonde impression qu’ont faite sur les populations de la terre les applications de la physico-chimie nucléaire, ainsi que celles de la radioactivité, révélées par la guerre. Cette impression est trompeuse car ce n’est sans doute pas le développement des techniques nées de la chimie ou de la physique qui caractérisent ce nouvel entre-deux-guerres, mais celui des techniques dérivant des sciences biologiques.

Pour de multiples raisons il serait grave que le public méconnaisse ce que l’on peut attendre actuellement de ces disciplines scientifiques. Jusqu’à présent, pour si important que soit le bouleversement introduit par les sciences dans les modes de vie, seuls les facteurs externes à l’homme ont été touchés. Quant à l’homme lui-même, il n’est pas encore tellement éloigné de ce qu’était son ancêtre de Néandertal. Maintenant, ce sont les facteurs internes, les facteurs organiques de sa propre existence et de sa reproduction dont l’homme s’est rendu maître. Il peut reproduire dans un temps limité les différents phénomènes de l’ancestrale évolution ; il peut qualitativement et quantitativement réduire ou développer à volonté tel ou tel humain ; il peut modifier les proportions numériques entre les représentants de chaque sexe, façonner des génies et des athlètes, interrompre la propagation de certaines tares, reconstruire en somme une humanité qui ne devrait plus rien à l’originale et mystérieuse Création.

C’est à peine une anticipation. Ce pouvoir existe virtuellement et il se révèle rapidement comme l’a fait celui que nous possédons sur la matière inerte. S’il n’est pas encore pour tous une évidence, c’est que les sciences biologiques sont à peine maintenant dans l’état où se trouvaient les sciences physiques il y a trois quarts de siècle : à l’époque des applications de la thermodynamique, de la naissance de la synthèse industrielle et des premières recherches théoriques sur l’électricité. L’essentiel est acquis. Le progrès sera encore plus foudroyant dans les prochaines décades qu’il n’a été dans les précédentes. Les connaissances s’acquièrent en effet selon une progression géométrique. La biologie venant presque en dernière position profitera au surplus des moyens d’études que lui ont préparés les disciplines les plus perfectionnées.

Il serait grave donc que ces promesses – ou ces menaces – fussent méconnues. Car cette interrogation se pose immédiatement : ce pouvoir sur l’homme, quel usage l’homme en fera-t-il ? Quelle sera son attitude lorsqu’il lui faudra remettre en question un certain nombre de données traditionnelles qui ont constitué jusqu’ici le fondement de sa morale, de son éthique, de sa spiritualité, sans compter les aspects matériels de l’existence ?

Il n’y a aucune mesure entre les problèmes qui naîtront et ceux soulevés par l’utilisation de l’énergie atomique, par exemple. Ces inquiétudes ne sont pas prématurées.
Pour nous en tenir à un exemple limité nous citerons seulement l’insémination artificielle, à laquelle nous avons fait récemment allusion à propos du génétiste américain H.J. Muller. Le fait est devenu une réalité technique au cours des dernières années et on peut le considérer comme l’une des applications nées pour les besoins de la guerre. Des ménages américains y ont eu, en effet, recours pour avoir des enfants malgré la séparation imposée par la guerre.
On peut ainsi penser qu’elle deviendra technique militaire au cours de la prochaine guerre. Elle permettra de supprimer ces permissions que toutes les armées accordent aux hommes mobilisés pour les besoins de la reproduction et dont l’Allemagne semble avoir perfectionné le système jusqu’à fixer les dates de départ suivant les époques mensuelles favorables à la réalisation de leur objet.
Quelques instants de réflexion permettant d’envisager tout le parti que l’on peut tirer de l’insémination artificielle pour la multiplication des meilleurs échantillons humains. La production des spermatozoïdes étant numériquement plus considérable que celle des ovules, la semence d’un seul homme permettrait de féconder un très grand nombre de femmes. Il suffirait de choisir les donneurs pour élever le niveau moyen de l’humanité.
Mais il ne s’agit encore là que d’une technique élémentaire. Il faut se rappeler tous les perfectionnement que suggère la possibilité de trier par électrophérèse les spermatozoïdes (détermination contrôlée du sexe), de développer artificiellement la gémellité, d’utiliser la parthénogénèse (fécondation sans père) et même l’ectogenèse (gestation hors de l’organisme maternel).

Il y a vingt ans, lorsque H.J. Muller écrivit le livre que nous avons déjà cité, Hors de la nuit, l’insémination artificielle n’était pratiquée que sur les animaux. Aujourd’hui les hommes ont commencé à l’adapter à leur usage. Il n’est pas douteux que le reste suivra.
Les réactions que provoque dans les esprits ce fait nouveau sont contradictoires. Il n’y a pas d’attitude moyenne. C’est l’approbation ou le désaveu. Muller lui-même a pris une position assez avancée, qui est tempérée, il est vrai, par cette réserve très juste qu’une véritable eugénique ne trouvera sa voie qu’après avoir été précédée d’un profond bouleversement social.
Mais à travers tout ce qu’il écrit, on sent poindre la menace d’une pression autoritaire de la collectivité sur l’individu. L’échelle du particularisme s’élève de l’unité au groupe et l’on sent très bien que le plus difficile à déterminer, ce sera l’ensemble des critères de référence. Un passé trop récent nous montre à quelles extrêmes peuvent être fixés ces critères.
La défense des valeurs individuelles se conjugue chez d’autres avec la défense des valeurs spirituelles. A ce titre, on aboutit à une réprobation définitive de l’insémination artificielle, comme l’ont fait récemment dans la revue catholique, les Cahiers de Laënnec, les RP.PP. Tesson et Larère et M. Gabriel Marcel.
Cette position intransigeante ne semble pas non plus être la meilleure. Elle rappelle trop la longue interdiction, dans les temps passés, de disséquer les cadavres humains et l’hostilité plus récente à la vivisection. Malgré les oppositions de toute nature, le fait scientifique finit inéluctablement par s’imposer ; mais le drame de cette première moitié de notre siècle, c’est que l’on a toujours mésusé des moyens d’actions qu’a révélés la science. Cette fois, trop de choses sont condamnées et l’avenir pourrait être tel qu’il nous est interdit de poursuivre les mêmes erreurs.

Maurice Daumas.
Combat, le 10 décembre 1946

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Lettre à Albert Camus sur l’eugénisme (1946)
Par Bernard Charbonneau

Monsieur,

Lecteur assidu de Combat, je crois de mon devoir de vous faire part de réflexions que m’inspire l’article de Maurice Daumas « Le pouvoir de l’homme sur l’homme » paru dans votre numéro du 10 décembre 1946. Je partage l’avis de son auteur sur l’importance de la question posée ; à tel point que son insertion sous la rubrique « Sciences » me fait rêver. Pourquoi plutôt ne pas placer la première page de votre journal sous la rubrique « Politique » ? Il s’agit là de faits d’un ordre tout aussi spécial, et qui concernent moins l’essentiel de notre vie. Mais nous avons l’esprit bâti de telle façon que les questions de civilisation lui échappent, sauf si elles se parent de l’étiquette d’un parti ou du drapeau d’une nation.
Pour ma part je ne doute pas que la mise au point d’une technique de la génération artificielle n’entraîne des bouleversements aussi considérables que ceux que pourraient provoquer l’emploi de l’énergie atomique, puisque cette fois l’homme ne sera pas mis en question par l’intermédiaire de la transformation de son milieu mais directement lui-même. Autant que l’élection du président du gouvernement, la chose me paraît mériter qu’on s’y arrête. Il serait bon que pour une fois dans ce domaine la réflexion précède l’état de fait.
Votre collaborateur semble admettre, avec des hésitations et des réserves, l’idée de l’insémination artificielle. Et certes on comprend qu’une activité importante pour l’avenir du pays ne soit pas abandonnée à l’initiative des particuliers. Il est bien évident que le désordre actuel naît d’un déséquilibre entre un homme qui reste fort près de celui de Néandertal et le perfectionnement de ses moyens. Quand on songe qu’à l’âge atomique les rites de nos églises sont encore ceux des sectateurs de Mithra ! Et que nos jeunes aviateurs cherchent peut-être un exemple dans la morale d’Épitecte ! Quand on songe que nous parlons d’amour comme les troubadours d’un temps où il fallait un mois pour traverser la France ! Et de Justice et de Liberté comme des peuples qui s’éclairaient à la chandelle !
Il semble bien, dans la mesure où les valeurs commandent aux actes que de telles inventions mettent en question les valeurs « traditionnelles », et il n’y a pas à s’étonner des réactions de ceux qui s’en réclament. Lorsque M. Daumas rapproche la position prise autrefois par l’Église vis-à-vis de la dissection des cadavres et celle qu’elle prend aujourd’hui vis-à-vis de l’eugénisme, il oublie que la « longue interdiction des temps passés », subsiste encore. Quel est l’homme, sauf un idéologue, qui accepterait avec indifférence que la dépouille d’un être cher soit disséquée dans un amphithéâtre de faculté ? Ce n’est pas pour rien que c’est presque toujours le cadavre d’un pauvre bougre qui sert à cet usage. D’autre part, il me semble qu’il y a différence de nature entre l’autopsie et l’insémination artificielle, car dans ce dernier cas il s’agit d’un être vivant et non d’un corps inerte. Et si l’intérêt collectif : celui de la Science ou celui de la Nation, impose l’insémination artificielle, pourquoi n’imposeraient-ils pas l’euthanasie ?
Une expérience récente nous a appris que les deux choses sont liées. Dans un cas comme dans l’autre, c’est le caractère sacré de la vie humaine qui est en jeu. Lorsque l’Église s’opposait à l’autopsie des cadavres, c’était un sentiment de la dignité de la personne dans son corps qui l’inspirait. Elle luttait pour empêcher que se réduise le cercle du sacré et pour empêcher une profanation. En niant la légitimité de l’insémination artificielle, nous empêcherons que demain l’acte de tuer tombe lui aussi dans ce domaine des gestes neutres qui ne relèvent que de la seule pratique.
« Une véritable eugénique ne trouvera sa voie qu’après avoir été précédée d’un profond bouleversement social. » Certes, plus profondément que la bombe atomique, une telle technique plongera le monde où nous vivons dans un délirant chaos. Il n’y a qu’à imaginer ce que donnerait une course aux armements démographiques entre des États maîtres de faire varier à leur gré le chiffre et la nature de la population. Une telle civilisation suppose un État unique où les anciens rapports de production devraient disparaître. Mais bien d’autres choses disparaîtraient aussi dans ce monde où un pouvoir suprême joindrait à la maîtrise absolue des forces naturelles la maîtrise sur l’homme. Entre autres choses la famille n’aurait plus de raison d’être, les rapports sexuels seraient bouleversés. Il faut bien le dire, tout ce que nous mettons de concret aujourd’hui derrière ce terme d’homme aurait disparu. Et ces mots de Liberté, d’Amour, seront alors aussi dépourvus de sens que le sont maintenant les symboles magiques des grottes préhistoriques.
Que le pouvoir de l’homme sur la nature ne soit viable que si le pouvoir sur soi-même le complète, cela paraît certain. Mais la formule « le pouvoir de l’homme sur l’homme » pourrait prêter à équivoque. Si ce pouvoir est entendu en termes collectifs et non personnels elle signifiera la destruction totale de la liberté : car il ne s’agira plus simplement d’opposer aux hommes des contraintes extérieures mais de les soumettre à la plus absolue de toutes : de les fabriquer. Il est vrai qu’il s’agira de fabriquer un surhomme ; malheureusement il le sera par des hommes qui demeurent les descendants fort peu évolués de l’homme de Néandertal. Je crains qu’ils ne le fabriquent en fonction de ce qu’ils se figurent être la perfection : de ces idées incertaines qu’ils nomment Vérité ou Morale et d’une connaissance schématique là où il faudrait celle des commencements et des fins. Car si le surhomme peut fabriquer l’homme de Néandertal, on voit mal comment un autre que l’Être parfait pourrait créer le surhomme.
Que sous leur forme actuelle, l’évolution des techniques nous impose une telle société, cela semble certain. Mais il faudrait avoir le courage de regarder en face les sacrifices qu’elle suppose, et ne pas se laisser bercer par l’espoir de concilier les inconciliables. Ce jour-là, quelle que soit l’étiquette politique dont il parera ce « meilleur des mondes », entre la foi dans un ordre de valeurs intemporel dans la dignité de la personne autonome et lui, il nous faudra choisir. A moins qu’à force d’interroger cet avenir qu’un progrès aveugle des sciences nous prépare naisse chez quelques-uns la volonté de lui imposer un sens. Car le salut de l’homme n’est pas plus contenu dans le progrès des sciences de l’homme que dans celui des sciences de la nature ; comme aux premiers temps, il est en lui.

Bernard Charbonneau,
Fin 1946
Publié en février 2020 sur le site de La Grande Mue

[2Nécrologie : Maurice Daumas (1910-1984). In : Revue d’histoire des sciences, tome 37, n°3-4, 1984. pp.334-338

[3Février 2020

[5Cf. Pauline Croquet et Damien Leloup, « L’histoire oubliée du C.L.O.D.O » sur lemonde.fr, le 22 décembre 2023