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En 1948, le chroniqueur scientifique du Monde, Dominique Dubarle, envisageait des « machines à gouverner », capables d’administrer les sociétés humaines plus efficacement que leurs sociétaires. La cybernétique venait d’émerger du cerveau de Norbert Wiener et de quelques scientifiques, convaincus de l’urgence de limiter l’action de l’humain sur sa propre vie. « Nous ne sommes que tout à fait au début de la série des réalisations possibles en cet ordre d’idées », écrivait Dubarle dans son article (voir ci-dessous).

Trois décennies plus tard, en 1980, l’énarque Louis Kalfon s’inquiétait dans une tribune au Monde du fichage automatisé de la population et de l’interconnexion des fichiers, bref de la puissance des « machines à gouverner ». Et de mettre en garde, dans une formule qui semble un plagiat par anticipation de Pièces et main d’œuvre : « L’informatisation resserre le filet » (voir ci-dessous).

Encore quatre décennies et les Smartiens scannent leur prothèse électronique pour accéder aux lieux publics, obéissant au signal lumineux d’un code informatique. Vert = accès autorisé / Rouge = accès interdit. La machine nous gouverne. Et la technocratie se dissimule derrière les écrans et les automatismes de celle-ci.

Nul doute que les lecteurs du Monde d’après-guerre ont souri ou levé les yeux au ciel en lisant l’article de Dubarle. - De la science-fiction. Ceux de 1980 ont sans doute soupiré. – C’est très exagéré. On n’en est pas là. Les lecteurs de 2021, eux, peuvent dessiner la trajectoire à partir de ces trois points. Informatique quantique, « intelligence » artificielle, puces sous-cutanées, etc. Et en tirer la conclusion qui s’impose : soit la trajectoire vers l’asservissement technologique est maintenue, soit on refuse l’avènement de l’homme-machine dans le monde-machine, et il faut briser la trajectoire.

(Pour lire les articles du Monde, ouvrir le document ci-dessous.)

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