Neuf mois après l’inauguration de Clinatec, voici tout ce que l’AFP - le journal des journaux - trouve à dire sur les travaux des neurotechnologues grenoblois.

Pour ceux qui veulent connaître vraiment les dessous de cette clinique expérimentale, les origines de sa création, la nature de ses recherches, les discours tenus par ses promoteurs quand ils ne parlent pas à l’AFP, les avancées de l’homme-machine, on renverra vers nos enquêtes en ligne :

 Clinatec, le laboratoire de la contrainte
 Clinatec, le laboratoire de la contrainte, inauguré à Grenoble le 31 janvier 2012
 Clinatec : lettre ouverte aux médecins et professionnels de santé
 Aujourd’hui le nanomonde n°17

Egalement disponible en librairie : L’industrie de la contrainte", par F. Gaillard et Pièces et main d’oeuvre (éditions l’Echappée, 1911) - Voir ici

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GRENOBLE, 31 oct 2012 -
Les nanotechnologies au service d’une clinique aux promesses spectaculaires

AFP - publié le 31/10/2012 à 08:43

GRENOBLE, 31 oct 2012 - - Faire marcher un tétraplégique, changer l’humeur d’un dépressif ou encore éliminer les tremblements d’un malade de Parkinson grâce à un boîtier implanté dans le cerveau sont quelques un des projets développés en toute discrétion par un laboratoire grenoblois.

Répartis le long d’un couloir, six chambres, encore vides, et un bloc opératoire occupent le rez-de-chaussée du laboratoire flambant neuf, à l’allure austère et à l’accès ultra-sécurisé sur la presqu’île scientifique de Grenoble.

Baptisé Clinatec, le laboratoire soutenu par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et le CHU de Grenoble a obtenu cet été l’accord de l’Agence nationale de sécurité du médicament pour procéder à ses premiers essais sur l’homme après environ cinq ans de recherche.

Début 2013, dans la clinique où se côtoient une soixantaine d’ingénieurs, médecins et biologistes spécialisés dans les nanotechnologies, les patients volontaires se prêteront à "l’un des projets les plus prometteurs" du laboratoire intitulé "interface cerveau-machine", annonce son directeur François Berger.

Le programme consiste à implanter à la surface du cerveau d’un tétraplégique un minuscule boîtier contenant des électrodes. Les micro-puces enregistrent l’activité cérébrale du patient et la transforme en mouvement par le biais d’un bras ou d’une jambe robotisés.

Ainsi, lorsqu’un handicapé pense à lever le bras il émet des signaux électriques qui sont captés par le boîtier puis "digérés" par un logiciel, lequel active le bras ou la jambe articulés, vulgarise François Berger, professeur en biologie cellulaire.

Les essais sur des singes et des cochons enfermés dans un étage du bâtiment, auquel l’accès a été refusé à l’AFP, "n’ont montré aucun effet secondaire", affirme François Berger.
 neurostimulation cérébrale -

Parallèlement à ce projet, les chercheurs travaillent à la miniaturisation des composants utilisés dans la neurostimulation cérébrale mise au point il y a une vingtaine d’années par l’un des artisans de Clinatec, le neurochirurgien grenoblois Alim-Louis Benabid.

Membre de l’Académie des sciences, Alim-Louis Benabid, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, a développé une technologie permettant grâce à l’envoi d’une fréquence électrique dans certaines zones du cerveau de faire disparaître les tremblements des malades de Parkinson.

"L’enjeu aujourd’hui est d’affiner les zones du cerveau excitées grâce à des électrodes plus petites mesurant moins d’un millimètre, afin d’être plus efficace et de soigner d’autres maladies", souligne M. Berger évoquant à demi-mot les dépressions graves et les troubles du comportement.

Si on estime à environ 150.000 le nombre de personnes atteintes en France de la maladie de Parkinson, la neurostimulation profonde ne concerne que 5 à 10% des malades en raison des nombreuses contre-indications, tient à nuancer l’association France Parkinson.

"Je peux à nouveau conduire sur de courtes distances, me déplacer sans aide et je suis passé d’une vingtaine de médicaments par jour à plus que quatre", témoigne Jean-Jacques Garnier opéré en juillet 2011.

"Cette technique est une réussite extraordinaire", reconnaît la directrice de France Parkinson, Mathilde Laederich. "On peut cependant regretter l’absence d’une base de donnée recensant les effets secondaires (...) telles que des chutes imprévisibles et des difficultés d’élocution très invalidantes", poursuit-elle.

Le collectif grenoblois Pièces et main d’oeuvre, qui avait rassemblé en janvier dernier lors de l’inauguration de Clinatec sur la presqu’île scientifique de Grenoble une centaine de manifestants, voit de son côté une nouvelle "porte ouverte vers la production de robots humains".

Pour ce groupuscule, qui fustige "la tyrannie technologique" et l’absence de transparence, les expériences de Clinatec sont "un pas de plus vers "l’homme-machine", toujours plus performant et compétitif", estime un de ses représentants qui refuse de donner son nom.