Saviez-vous que Ernest Renan, grand admirateur des Pays Bas, en avait ramené sa « conception française de la nation », enseignée depuis 1882 dans les écoles de la République ? Le prophète du rationalisme ne pouvait que reprendre après bien d’autres le flambeau des « Lumières hollandaises ».
Nous voici au « Siècle d’or » des Provinces Unies, petit État de deux millions d’habitants, qui, ayant édifié la première République, le premier empire colonial et la première puissance économique mondiale, répand ses « Lumières » (Erasme, Van den Enden, Spinoza) notamment sur la France du Roi Soleil, de Colbert, Descartes, La Mettrie, Diderot, etc. Les Lumières de la raison. Déjà aux schismes protestants, luthériens, calvinistes & cie, succède une critique matérialiste, sinon athée, portée par des penseurs issus de toutes confessions, y compris juive et catholique.
Ce rationalisme que les bourgeois néerlandais ont pratiqué dans les techniques, les sciences, l’agriculture, l’industrie, le commerce, etc., en même temps qu’ils le théorisaient, est l’authentique pensée révolutionnaire de la bourgeoisie techno-capitaliste accomplissant sa révolution politique – d’abord aux Provinces Unies, puis au Royaume uni, aux Etats-Unis, etc. Et comme le processus de critique et de division ne cesse jamais, ce rationalisme bourgeois et matérialiste se scinde à son tour entre « raisonnables » et « radicaux ». Les uns s’accommodant d’une république, voire d’une monarchie d’Orange, indifférente en matière de religion, mais à la dévotion de leurs affaires. Les autres aspirant déjà à une révolution sociale - y compris l’abolition de la traite, de l’esclavage, de la propriété privée – et à un Etat du bien-être, égalitaire et démocratique. Et comme il n’est pas de lumière sans ombre, cette conception hollandaise de la nation aboutit dans les « unions » qui l’appliquent (Provinces Unies, Royaume Uni, Etats-Unis, Union sud-africaine, etc.) à tous les degrés de sectarisme, séparatisme, communautarisme, multiculturalisme, ségrégationnisme, susceptibles d’empêcher le « vivre ensemble ». Une nation orange, c’est une juxtaposition de quartiers.

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