Ce samedi 6 juin à Bruxelles, le Collectif stop5G.be et d’autres avaient organisé une petite manifestation sans autorisation, mais respectueuse des consignes de distanciation pour contester la volonté du lobby du numérique de déployer la 5G, un lobby d’autant plus puissant qu’il est soutenu par l’UE et la plupart des médias et des partis politiques.

Environ 200 personnes, pour la plupart masquées, se sont retrouvées devant la Bourse, échangeant — à la distance recommandée — informations et projets de contestation de la 5G et de l’ordre établi. Après une distribution de cordes nouées tous les mètres cinquante pour aider à maintenir la distanciation physique, une chaîne colorée s’est ébranlée avec l’intention de rejoindre le Mont des Arts en marchant tranquillement. Mal leur en a pris : dans la montée de l’étroite rue Marché aux Herbes, des pelotons de policiers les ont rapidement encerclés. Experte dans la technique de la nasse, la police de Bruxelles a bloqué une grande partie des militants anti-5G ainsi que les passants et touristes effrayés par ce déploiement de forces disproportionné. Ce qui de plus a compromis les mesures de précaution des organisateurs de l’événement, les manifestants et les policiers se retrouvant coincés les uns sur les autres dans un mouchoir de poche.

Il faut dire que ceux qui contestent cette technologie destinée à permettre l’invasion des objets communicants et des voitures autonomes dans notre quotidien ont de quoi être fâchés. En effet, profitant de la crise sanitaire, Proximus a tenté de déployer un début de réseau 5G dans 30 communes de Belgique (un déploiement contesté par la plupart des autorités communales wallonnes). De son côté, l’IBPT (le régulateur fédéral des télécommunications) a mis en place une consultation sur son projet d’accorder aux opérateurs des droits provisoires d’utilisation de nouvelles fréquences pour la 5G, prétextant l’urgence de la chose (il décidait ainsi de prendre les devants en l’absence d’une loi fédérale autorisant la mise aux enchères des fréquences nécessaires à la 5G — pour rappel un projet contre lequel le collectif stop5G.be déposera un recours en justice si jamais il voit le jour).

Pour la plupart, ennuyés d’être contraints d’empêcher de paisibles citoyens de marcher en file indienne à distance correcte, les femmes et les hommes en bleu ont fait savoir qu’on pourrait sortir de la nasse en déclinant, carte d’identité à l’appui, son nom et moyennant la confiscation de tous les badges, cartons et signes osant dire « STOP 5G » (merci aux commerçants qui ont caché les drapeaux stop5G.be et fait passer des manifestants pour de simples clients, en particulier quelques personnes particulièrement sensibles qui se sont vues offrir un verre de thé).

Comme nous, vous n’avez pas manqué d’être étonné par la différence de traitement subi par ces manifestants : le même jour à Liège, 1000 personnes manifestaient contre le racisme en ne respectant pas la distanciation physique, sans susciter la moindre réaction des forces de l’ordre. À Bruxelles, le lendemain même scénario, mais avec 10 000 manifestants. L’omniprésence des lobbies fait que la liberté d’expression est aujourd’hui à géométrie variable selon la thématique ; dans le cas qui nous concerne, elle a de plus donné lieu à un jeu d’intimidation malsain et dangereux en termes de contamination, non seulement pour les manifestants mais aussi pour les policiers.

Les opposants à la 5G doivent s’attendre et se préparer à d’autres exactions de ce genre. À ce titre, les conclusions du Conseil de l’Union européenne des ministres des Télécommunications du 9 juin 2020 « Façonner l’avenir numérique de l’Europe » sont particulièrement révélatrices ; extraits :

Le Conseil de l’Union européenne…

SOULIGNE que la pandémie de COVID-19 a démontré qu’une connectivité rapide et omniprésente est indispensable, mais que de nombreuses régions européennes n’en disposent pas encore ;

APPELLE la Commission et les États membres à améliorer les conditions d’investissement, y compris
i) en prévoyant, au besoin, des programmes de financement public au niveau européen afin de soutenir les investissements dans des infrastructures de réseaux numériques à très haute capacité, surtout dans les zones rurales ;

ii) en répartissant le spectre de fréquences 5G d’ici la fin de 2020,

iii) en veillant à mettre en place des processus efficaces et transparents qui permettent le déploiement accéléré des infrastructures à très grande capacité, notamment la fibre optique et la 5G…

35. APPELLE la Commission à présenter, pour la 5G et la 6G, un plan d’action révisé, étayé par des mesures de financement adéquates, grâce à des enveloppes provenant tant du cadre financier pluriannuel que du Fonds européen pour la relance…

36. SOULIGNE que, dans le cadre du déploiement de nouvelles technologies telles que la 5G/6G, il convient de préserver les capacités des autorités répressives, des services de sécurité et de l’appareil judiciaire à exercer leurs fonctions légitimes efficacement ; … ; RELÈVE qu’il importe de lutter contre la diffusion de mésinformations concernant les réseaux 5G, surtout eu égard aux allégations fallacieuses selon lesquelles ces réseaux constitueraient une menace pour la santé ou seraient liés à la COVID-19 ;

Pour mémoire, dès 2012, la Commission européenne a investi 700 millions d’euros de fonds publics dans le 5G-PPP , un partenariat public-privé pour le développement de la 5G. Depuis, elle n’en est pas restée là et, comme on peut le voir dans ce court extrait, elle compte poursuivre cette folie que seules les personnes dénuées du moindre bon sens ou tout à fait désinformées désirent voir advenir. De fait, le lobby dispose de tout l’argent et de tous les relais médiatiques qu’il veut, comme on a pu encore le constater lors de l’émission CQFD (RTBF) de ce 10 juin ayant pour seul invité le patron de Proximus, où, malgré quelques bonnes questions du journaliste, les auditeurs ont eu droit à leur comptant de contre-vérités et de désinformation.

Contact :
 Francis Leboutte, 04 388 39 19
 Paul Lannoye, 081 44 53 64

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Droit de réponse

Nous profitons de ce communiqué pour vous faire part d’un droit de réponse publié dans Trends-Tendance le 11 juin 2020 :

Le 30 avril dernier dans un article consacré aux menaces sur la 5G, Mr Gilles Quoistiaux évoque sous le chapeau « Théories du complot », le collectif stop5G.be, qu’il présente comme groupe d’associations environnementales hétéroclites.

Il affirme que stop5G.be n’hésite pas à relayer de fausses informations (lesquelles ?) et des théories fumeuses faisant le lien entre la 5G et la dissémination du coronavirus.

Je considère que le texte de Mr Quoistiaux vise à discréditer l’opposition à la 5G et me porte préjudice en me faisant passer, par amalgame malveillant, pour un adepte de la théorie du complot, laquelle conduit automatiquement à des actes de vandalisme.

Il se base sur un communiqué de presse de stop5G.be, diffusé le 2 avril dernier qui met en cause les rayonnements électromagnétiques (gamme des ondes millimétriques) dans l’affaiblissement du système immunitaire et affirme ce qui suit :

« Plusieurs spécialistes en bioélectromagnétisme considèrent comme très plausible l’hypothèse d’un impact considérable du rayonnement de la 5G sur la vitesse de la propagation de la pandémie du coronavirus actuelle. Il faut rappeler que la ville de Wuhan en Chine, épicentre de la pandémie de coronavirus, est la première ville « intelligente » équipée de la 5G et le lieu de la première autoroute 5G où doivent être testées les voitures autonomes.

Environ 10 000 antennes 5G ont été installées et activées à Wuhan en 2019, 80 % d’entre elles au cours des 3 derniers mois de l’année. L’épidémie a été détectée pour la première fois au début de ces 3 mois et s’est fortement aggravée en décembre. On peut considérer que ces évènements sont simplement coïncidents, mais on est en droit de penser que l’exposition aux champs pulsés de la 5G a stimulé la réplication du virus et sa dissémination, comme le suggère Martin Pall, mais aussi Jacques Lintermans et André Vander Vorst ».

Cette hypothèse déplait à Mr Quoistiaux. Cela ne lui donne pas le droit de traiter de complotistes ceux qui la trouvent plausible, à moins de traiter comme tels des scientifiques respectés comme un professeur émérite de l’UCL (André Vander Vorst) et un professeur émérite de l’Université de Washington (Martin Pall), tous deux spécialistes en biophysique.

Paul Lannoye, président du Grappe et porte-parole du Collectif stop5G.be